Voir les biens de ce lieu repris à l'inventairePartagée entre les territoires de Bruxelles et d'Ixelles (nos 23 à 149 et nos 40 à 144), cette longue artère rectiligne relie l'avenue Louise à la chaussée de Waterloo. Elle croise successivement les rues Kindermans et Armand Campenhout, la rue Américaine à hauteur de la place Albert Leemans (autrefois appelée rond-point de Tenbosch) et la rue du Prévôt.

La rue de Tenbosch est ouverte dans le cadre du Plan général d'alignement pour l'ouverture de rues et places sur le territoire compris entre l'avenue du Bois de la Cambre et les chaussées de Waterloo et de Charleroi de l'inspecteur-voyer Victor Besme, soit le plan du quartier dit Ten Bosch, approuvé par l'arrêté royal du 20.02.1864.

La première partie de la rue est établie sur l'assiette de l'ancien chemin vicinal no 25 appelé Verkeerden Haen, soit le chemin du Coq Tourné. Il s'agit de l'un des plus anciens chemins du quartier (plan De Wauthier, 1821).

À l'origine, son nom évoquait l'existence d'un château-ferme, dont les premières mentions remontent au XVe siècle. Il se situait sur un îlot carré entouré de douves, en bordure du bois de la Heegde, une partie de l'antique forêt de Soignes. Le dernier bâtiment de cet ensemble est détruit en 1874 lors de l'aménagement du quartier (Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles, 15, pp. 67, 68).

Le nom Ten Bosch ou « du bois » désignait également le hameau auquel la rue conduisait. Il donne aujourd'hui son nom au quartier et désigne également un petit parc public aménagé en 1983 dans l'îlot formé par les rues de l'Abbaye, Hector Denis, des Mélèzes et Américaine. Ce parc faisait partie du jardin de l'ancienne propriété de l'industriel Louis Semet-Solvay, dont seule subsiste aujourd'hui l'ancienne conciergerie sise au no 217b de la chaussée de Vleurgat.

Rue de Tenbosch 76 (photo 2005).

C'est à la fin du XIXe siècle que le bâti de la rue commence à s'édifier, la bourgeoisie moyenne venant alors s'y installer. Leurs demeures, pour la plupart des maisons unifamiliales, mêlent les styles néoclassique (comme le no 44 ou le no 116 très bien conservé ou encore le no 131 (1900) et les nos 140 à 144 (1901) au gabarit plus modeste) ou éclectique, tel le no 129 ou l'enfilade formée par les nos 100 à 106 (1903-1904) érigés par l'architecte Jean Dierickx pour Édouard Fadeur. Ce menuisier et entrepreneur fut le commanditaire de plusieurs ensembles homogènes dans le quartier, notamment rue Renier Chalon (dans le prolongement de la rue des Mélèzes), rue du Prévôt, rue de Tenbosch et rue Washington. Il en confia la réalisation à chaque fois au même architecte.
Le style éclectique, fort présent dans la rue, est parfois inspiré par l'Art nouveau (voir nos 78, 80 et 82), la néo-Renaissance (voir nos 50 à 58) et le néo-baroque (no 76, signé et millésimé « A. Jeannin arcte 1908 »).

Rue de Tenbosch 46 (photo 2005).

Ces maisons au gabarit identique seront, pour certaines, remplacées par des immeubles à appartements, ceux-ci venant rompre le caractère homogène du tissu initial. Tel est le cas du no 23-25 (voir ce numéro), édifié à l'emplacement de quatre petites maisons probablement de même typologie que les nos 27 à 35 (un ensemble de petites maisons de style néoclassique bien conservées) ou du no 49 par l'architecte Jacques Saintenoy (1938) (voir ces numéros).
Autrefois, ces habitations côtoyaient les carrossiers et leurs ateliers, un type d'activité qui, aujourd'hui encore, est florissant dans le quartier (voir notamment rue du Mail no 50). Au no 46 (voir ce numéro) se dresse un ancien atelier de menuiserie à façade-pignon en bois, comparable par sa typologie et son affectation à d'autres petits ateliers ayant existé dans le quartier, souvent bâtis en intérieur d'îlot.

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925) ; ACI/TP Q15 Quartier Tenbosch no 416 (boîtes no 11 et no 44).
ACI/Urb. 44 : 285-44 ; 46 : 285-46 ; 131 : 285-131 ; 140 : 285-140 ; 142 : 285-142-144.

Ouvrages
BLOMME, F., À la rencontre d'Adrien Blomme, 1878-1940, CIVA, Bruxelles, 2004, p. 29.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles : 15 Ixelles, Bruxelles, 2005, pp. 67-68.
Inventaire et valorisation du Patrimoine immobilier significatif de l'histoire industrielle et sociale de la Région bruxelloise, La Fonderie, Bruxelles, s.d., fiche 136.
Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles. Ixelles, AAM, Bruxelles, 1980-82, fiche 12.

Cartes / plans
DE WAUTHIER, G., Carte manuscrite de Wautier, Bruxelles et ses environs en 1821, Bruxelles, 1821.
POPP, P. C., Atlas cadastral de Belgique, Plan parcellaire de la commune d'Ixelles avec les mutations, Bruxelles, 1860.