Voir les biens de ce lieu repris à l'inventairePartagée entre les territoires de Bruxelles et d'Ixelles, la rue Paul Émile Janson relie l'avenue Louise à la rue Faider, et forme un carrefour avec la rue de Livourne.

L'artère est réalisée en deux temps. L'ouverture du premier tronçon, situé sur le territoire de Bruxelles (entre l'avenue Louise et la rue de Livourne), est approuvée par l'arrêté royal du 26.02.1868. L'ouverture du second, situé sur Ixelles (entre la rue de Livourne à la rue Faider), est quant à elle approuvée par l'arrêté royal du 23.05.1899.

Anciennement dénommée rue de la Tenderie (Duquenne, X, p. 130), la rue est rebaptisée rue de Turin en 1894, puis renommée après la Seconde Guerre mondiale en l'honneur de Paul Émile Janson (Mémoire d'Ixelles, 29, 1988, p. 8) qui habitait la rue (voir no 19). Avocat né à Bruxelles le 30.05.1872, Paul Janson fut représentant au Parlement en 1910, sénateur de 1935 à 1936, puis Premier Ministre de 1937 à 1938. Il meurt en 1944 dans le camp de concentration de Buchenwald.

Bâties entre 1899 et 1910, de luxueuses maisons bourgeoises de style éclectique inspiré du classicisme se dressent aux abords de la rue pour former des enfilades d'une exceptionnelle homogénéité (voir les enfilades allant du no 22 au no 30, et du no 11 au no 39). Toutes les façades sont devancées par une logette en pierre et affichent des matériaux similaires : la pierre blanche est réservée au parement tandis que la pierre bleue est utilisée pour le soubassement, la logette, les encadrements de baies et les éléments décoratifs. Certaines présentent en outre des éléments décoratifs analogues.
Ce caractère très homogène est lié au fait que la plupart des immeubles ont été conçus par les entrepreneurs et promoteurs immobiliers Jean et Pierre Carsoel. À l'origine spécialisés dans le bois, les frères Carsoel vont ensuite se consacrer à la conception et à la réalisation de nombreuses maisons dans le quartier (ils se nommeront eux-mêmes « entrepreneurs Quartier Louise »). Leur bureau est installé rue de Florence et leurs ateliers de menuiserie sont d'abord situés rue Veydt, ensuite rue Faider. Parmi les maisons réalisées par les frères Carsoel, plusieurs présentent des façades identiques de part et d'autre de la rue (voir par exemple le no 21 avec le no 30 ; le no 17 avec les nos 28 et 35). Les façades non conçues par ces entrepreneurs (voir par exemple le no 42) affichent grosso modo les mêmes caractéristiques, tout en se démarquant parfois par une composition asymétrique (voir no 32) ou par un entablement original (voir no 40).

Seule la maison de Paul Hankar, conçue en 1899, se distingue par sa façade de style Art nouveau (voir no 23-25). Son élévation a cependant été modifiée en 1920 par l'architecte géomètre Victor Rosy, qui remplace le balcon originel par une logette en bois.

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).

Ouvrages
DUQUENNE, X., L'avenue Louise à Bruxelles, éd. Xavier Duquenne, Bruxelles, 2007.
LEGRAIN, P., Le Dictionnaire des Belges, éd. Paul Legrain, Bruxelles, 1981, p. 86.
HAINAUT, M., « Une rue d'Ixelles porte leur nom, 2e partie de H à Z », Mémoire d'Ixelles, 29, 1988, pp. 5-49.