Recherches et rédaction

2018

 

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La place Saint-Lambert est une place en forme de trapèze allongé qui dessert les rues du Heysel et Reper-Vreven à l’ouest, la rue Émile Wauters et l’avenue Jean Sobieski au sud, l’avenue des Ébéniers à l’est et le boulevard du Centenaire au nord.

Tout comme l’avenue Sobieski, qui constituait à l’origine la dernière portion du boulevard Émile Bockstael, la place a été créée par arrêté royal du 18.02.1899, afin d’accueillir l’église Saint-Lambert, érigée en son centre de 1902 à 1906 et d’où elle tient son nom (voir no38). Ce n’est toutefois que vers 1911 que les maisons bordant la place, au sud et à l’ouest, se virent attribuer un numéro de police dépendant de celle-ci. Auparavant, elles formaient respectivement le premier tronçon de la rue Reper-Vreven et le dernier de la rue Fransman, future Émile Wauters.

À l’emplacement de l’église se trouvait jadis le Slachmolen, un moulin à eau remontant au moins au XIVe siècle et qui fut démoli à la fin du XIXe. Il était alimenté par le Heyselbeek, un ruisseau qui courait le long de la rue du Heysel puis bifurquait pour suivre approximativement le tracé de l’actuelle avenue Jean Sobieski et aller se jeter dans le Molenbeek à hauteur du square Prince Léopold. Au nord de la place, séparée de celle-ci par une haute clôture, se trouvait anciennement la propriété Vanderborght, un domaine remontant au XVIIe siècle, avec ferme et maison de plaisance. Un château y fut bâti en 1885 pour Victor Vanderborght, avant d’être habité par la baronne de Vaughan, dernière compagne du roi, jusqu’au décès de celui-ci. Ses dépendances furent démolies en 1930 et, durant l’Exposition universelle de 1935, la bâtisse, implantée à l’est du nouveau boulevard du Centenaire, servit de bureau de police et de poste de pompiers, avant de disparaître en 1956.

En vue de l’Exposition, le terre-plein rectangulaire qui devançait l’église fut transformé en un square semi-circulaire bordé d’une rangée de tilleuls, dans le but de masquer l’église et les maisons de la place depuis la monumentale entrée Centenaire, accès principal à l’exposition, située en bas du boulevard du même nom. Au flanc nord de l’église fut établi un arrêt pour la nouvelle ligne de tram destinée à mener les visiteurs jusqu’au sommet du site de l’exposition. Pour l’Expo 58 fut aménagée au bas du boulevard la porte Benelux, accompagnée, en bordure de la place, d’un pavillon circulaire longé par un large escalier cintré en moellons (voir notice boulevard du Centenaire). En 1979, le centre du square en arc de cercle fut doté d’une fontaine circulaire formant banc, baptisée Agora. À noter encore qu’à l’angle nord-est de l’église se trouve un urinoir ancien, en béton et à toit de bois en pavillon.

La place est essentiellement bâtie de maisons de rapport des années 1900 ou 1910, de style éclectique, parfois néoclassique, dotées d’un rez-de-chaussée commercial le plus souvent transformé aujourd’hui. Parmi celles-ci, pointons les nos1 – conçu en ensemble avec le no82 avenue Jean Sobieski (architecte F. Van Roelen, 1905) –, 2 (1906), 5 et 6. Citons également deux ensembles: les nos10 et 12 à 14 (1910), primés au concours de façades organisé par la Commune pour l’année 1910, ainsi que 15 à 18 (1906), formant un ensemble avec les nos135 et 137 rue Émile Wauters. Au no7 s’est installé dès avant 1908 le chausseur Ducat, dont la devanture de 1934 existe toujours. À l’arrière du no23 a été conçu en 1929 un atelier de menuiserie.

Sources

Archives
AVB/IP II 684 (1903-1915).
AVB/TP 86185 (1979); 1: Laeken 1052 (1905); 2: Laeken 5880 (1906); 7: 42421 (1934); 1012 à 14: Laeken 6198 (1910); 15 à 18: Laeken 2303 (1906); 23: 38561 (1929).

Ouvrages
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 42.
DE ROOSE, F., Les fontaines de Bruxelles, Racine, Bruxelles, 1999, pp. 103-104.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., Atlas du sous-sol archéologique de la région de Bruxelles. 24. Laeken, Direction des Monuments et des Sites – Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 2012, p. 86.
Le livre d’or de l’Exposition universelle et internationale Bruxelles 1935, Comité exécutif de l’exposition, Bruxelles, p. 89.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1717.

Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Reper-Vreven (rue)», 1908.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Saint-Lambert (place)», 1911.
VAN DER ELST, W., «Het ontstaan van de Heilig Hart en Sint-Lambertusparochie en kerk op de Heizel», Laca Tijdingen, année 25, 3, juillet-septembre 2014, pp. 17-28.