Recherches et rédaction

2010-2012

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue de Linthout est une longue artère qui relie la place de Jamblinne de Meux au rond-point formé par les rues Bâtonnier Braffort, des Tongres, Gérard et Charles Degroux. La portion située sur le territoire de Schaerbeek s'étend du début de la rue jusqu'à la rue de l'Orme côté pair et jusqu'à la rue Vergote côté impair. Les rues Théodore Roosevelt et Victor Lefèvre y aboutissent, les rues Général Gratry et Frédéric Pelletier y débutent. Seuls les quatre derniers tronçons de la rue côté impair, à partir de la rue Vergote, sont situés sur le territoire de Woluwe-Saint-Lambert. Les avenues Albert Jonnart, des Rogations et Georges Henri y aboutissent.

L'artère suit le tracé d'un ancien sentier qui longeait la lisière ouest du bois de Linthout. Ceci explique sa dénomination, décrétée en séance du Conseil communal de Schaerbeek le 28.12.1864. La première partie de la rue, située sur cette commune, est élargie à douze mètres par arrêté royal du 30.12.1865. Ce n'est qu'en 1896 qu'est dessiné le plan d'alignement relatif à son prolongement.

En 1901, une convention est passée entre la commune de Woluwe-Saint-Lambert et un important propriétaire riverain, Georges Damiens, pour l'établissement et l'élargissement de la rue de Linthout le long de sa propriété, occupant toute l'extrémité de l'îlot compris entre la rue Vergote et l'actuelle avenue Albert Jonnart. Ce n'est qu'après le décès de Damiens en 1932 que son terrain est loti par ses héritiers.

Sur le territoire de Schaerbeek, dans les années 1870, seules quelques propriétés longent la rue, situées dans le tronçon compris entre l'avenue de Roodebeek et la rue Vergote. Parmi celles-ci, la maison d'Auguste Vergote, gouverneur du Brabant entre 1885 et 1906, construite dans les années 1860 dans l'axe de la future rue de l'Orme et détruite dans les années 1950-1960. Une villa d'avant 1894 subsiste encore à l'angle de la rue Vergote (voir no93).

C'est principalement au cours des années 1890 et dans la première décennie du XXe siècle que la partie schaerbeekoise de la rue se bâtit, de maisons de style éclectique comme les nos2 à 16 (voir ces numéros), qui forment avec le no18 (architecte H. Declerck, 1911) une enfilade particulièrement cohérente. Citons également l'ensemble constitué par les nos40 et 42 (entrepreneur Léon Manne, 1904-1905).

Le premier tronçon de la rue, côté impair, est occupé en grande partie par les bâtiments de la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux, aujourd'hui Vivaqua (nos25 à 41). Dès 1895, celle-ci y installe son réservoir puis divers locaux techniques. Démolis durant la Seconde Guerre mondiale, les bâtiments sont reconstruits entre 1946 et 1950; le complexe continue ensuite à s'étendre dans les années 1950 et 1970, à l'emplacement d'anciennes habitations.

Dans l'îlot compris entre les rues Général Gratry et Frédéric Pelletier s'installent à partir de 1897 les usines Frédérick Pelletier, spécialisées dans la fabrication de papier d'écriture de qualité (voir rue Frédéric Pelletier no8a-8b). Les bâtiments situés rue de Linthout – la maison patronale et ses dépendances, un passage sous verrière et un bâtiment industriel de 1916 à front de rue (anciens nos63, 65 et 67) –, ont été démolis entre 1985 et 1994 et remplacés par une séniorie.

C'est seulement dans les années 1950 et 1960 que la première moitié du tronçon compris entre les rues Frédéric Pelletier et Vergote se bâtit, d'immeubles à appartements tel le no85 (voir ce numéro), qui remplacent d'anciennes propriétés.

Côté pair, le tronçon compris entre la place de Jamblinne de Meux et la rue Théodore Roosevelt est partiellement occupé par des bâtiments appartenant à l'Institut de la Vierge Fidèle, situés à front de rue ou en intérieur d'îlot, certains construits pour l'école, d'autres réappropriés (voir nos20-30-32, 34-36-40, 50).

Sur le territoire de Woluwe-Saint-Lambert, l'îlot qui abritait la propriété Damiens, entre la rue Vergote et l'avenue Albert Jonnart, se bâtit entre 1932 et les années 1960, essentiellement de petits immeubles à appartements, comme le no99 (voir ce numéro). Les tronçons suivants sont entièrement bâtis avant la Première Guerre mondiale, de maisons pour la plupart de style éclectique. Ils sont marqués par deux ensembles conçus au début du XXe siècle, l'un d'inspiration Art nouveau aux nos121 à 127, se prolongeant avenue Albert Jonnart (voir no123), l'autre aux nos139 à 151 (voir ces numéros).

Sources

Archives
ACS/Urb. 18:173-18-20; 40, 42:173-28, 173-30; 25 à 41: 173-25-41.
ACS/TP Infrastructure 173.
Maison des Arts de Schaerbeek/fonds local.
Registre aux délibérations du Conseil communal, Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert, vol. 1891-1903, p. 218.
Registre des procès verbaux du Conseil communal d'Etterbeek, 1896, p.59.
Rapport sur l'administration et la situation des affaires de la commune d'Etterbeek
, 1896, p. 79.

Ouvrages
CULOT, M. [dir.], Schaerbeek. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980-1982, fiche 57.

Périodiques
MERTENS, A., ROZEZ, «Linthout (rue de)», Annuaire du Commerce et de l'Industrie de Belgique, Province de Brabant, Bruxelles et sa banlieue, Bruxelles, Établissements généraux d'imprimerie, 1901-1902.

Cartes / plans
Carte du Dépôt de la Guerre, ca 1870 (Bibliothèque royale de Belgique).
Plan de la commune de Schaerbeek 1880 (ACS/TP).
Plan de la commune de Schaerbeek 1899 (ACS/TP).
Union des Villes et Communes belges, Commission centrale des Reconstructions, plan parcellaire de la commune de Woluwe-Saint-Lambert, 1917 (Musée communal de Woluwe-Saint-Lambert, archives communales anciennes).