Recherches et rédaction

1993-1995

 

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Au sommet de la butte de Saint-Josse, la r. de la Charité relie la ch. de Louvain au croisement de la r. du Marteau et de l'av. des Arts.

Connue à la fin du XVIIIe s. sous le nom de Zavelstraat (r. du Sable), ensuite r. des Arts, cette rue formant un coude faisait partie de l'anc. chemin de ronde qui longeait à cet endroit la demi-lune de la porte de Louvain.

Sur une portion des terrains compris entre ce chemin de ronde et l'anc. enceinte de Bruxelles, était établie depuis 1792 une factorerie de bière. Une partie de cette propriété fut plus tard lotie, le reste du terrain étant cédé à la Ville qui, en 1843 (AR 23.12), avait décrété le prolongement, à travers les jardins de ladite factorerie, du nouveau chemin de ronde longeant le mur d'octroi, la future av. des Arts.

Les deux rues portèrent le même nom jusqu'en 1850. Cette année-là, après l'épidémie de choléra qui avait touché la commune, l'anc. r. des Arts fut rebaptisée r. de la Charité en rappel du lazaret qu'on y avait installé (No 12).

Dès 1834, des immeubles de style néoclassique à façade enduite et peinte sont construits. De trois niveaux de hauteur dégressive marqués par des cordons et des refends, et percés de baies rect. ou cintrées, certains témoignent de l'influence du style Empire (No 8).

Rue de la Charité vue depuis l'avenue des Arts (photo 1993).
Rue de la Charité vue depuis l'avenue des Arts (photo 1993).

À partir de 1844 s'élèvent sur le côté E. de la rue les dépendances et murs de clôture des hôtels de maître qui se bâtissent le long de la nouvelle r. des Arts (voir av. des Arts).

Vers 1880, la r. de la Charité devient un haut lieu de la culture bruxelloise. La présence du magasin de fournitures pour artistes fondé en 1875 par F. Mommen et les ateliers y attenant (No 37) y drainent de nombreuses personnalités du monde artistique tout comme l'hôtel Van Cutsem (No 16 av. des Arts) dont la galerie de peinture avait un accès au no 42.

La démolition et/ou la réaffectation, de 1930 à nos jours, des bâtiments situés côté E. en faveur d'immeubles de bureaux ont profondément transformé et appauvri le caractère de la rue. Les nos 16 à 20 sont occupés par les bâtiments des Provinces réunies (voir no 6 av. des Arts). Des nos 22 à 28 s'étend l'imposant immeuble de bureaux de la Caisse nationale de Crédit professionnel érigé en 1954 et 1968 d'après les plans de l'arch. Ch. VERHELLE. Au no 34 se dresse la façade arrière post-moderne du no 11 de l'av. des Arts (anc. hôtel J.-P. CLUYSENAAR) reconstruite en 1993, d'après les plans de l'arch. J. CARBALLO du bureau H. GILSON.

Rue de la Charité, carrefour avec la rue Hydraulique (photo 1993-1995).
Rue de la Charité, carrefour avec la rue Hydraulique (photo 1993-1995).

Le côté O. a gardé un aspect plus anc., principalement dans son 2e tronçon, entre la r. Hydraulique et la r. du Marteau, et qui présente plusieurs bâtiments à caractère exceptionnel : les Ateliers Mommen (nos 37-37A), l'hôtel de maître du sénateur Ch. Lebeau (No 39), le couvent et la chap. Ste-Julienne (nos 41 à 45). Ces ensembles s'étendent à l'intérieur de l'îlot dont la complexité est act. mise au jour par la démolition regrettable (en 1995) de l'anc. imprimerie Lesigne (nos 25-27). Ce vaste complexe de style néo-classique tardif comprenant e.a. une anc. imprimerie avec bureaux, ateliers et dépôts, avait été construit en plusieurs phases à partir de 1856 env. pour Th. Lesigne. Il fut modifié et en partie reconstruit à plusieurs reprises. Après 1914, à la suite de l'achat d'une partie des terrains des Établissements Mommen (nos 37-37A), extension et construction de nouveaux bâtiments industriels. Les façades enduites et peintes sur soubassement en pierre bleue comprenaient trois ou quatre niveaux et respectivement trois (No 25) et quatre (No 27) travées sous toiture à croupes. R. Hydraulique, façade latérale de trois travées. Divisées par des cordons, les façades avant étaient percées de larges baies surbaissées à encadrement mouluré et appuis saillants.

Le tronçon compris entre la ch. de Louvain et la r. Hydraulique, plus modeste, conserve des maisons de tradition néoclassique (nos 1 à 9). Bien que recimentées, les façades de ces maisons conservent leur décor caractéristique : moulures, balcons, frises d'entablement. On remarque plus particulièrement le no 7 qui aligne cinq travées avec, à dr., une entrée cochère, des contrevents au r.d.ch. et un balcon régnant sur les trois travées centrales du 1er étage. Aux nos 3-5, ensemble d'esprit néoclassique daté de 1872 ; modifications de la façade en 1913, par l'ajout d'une devanture commerciale, ainsi qu'en 1930. Au no 35, édifice enduit d'inspiration néoclassique de trois niveaux et trois travées. Présence d'édifices contemporains aux nos 13-17 immeuble signé A. SELVAIS, 1969. Immeuble post-moderne à l'intérieur de l'îlot avec accès par le no 17 (1993). À noter qu'en 1962, la Société coopérative de l'Union économique de Bruxelles décide à cet emplacement la construction d'un bâtiment de jonction vers la r. de la Charité dont les plans sont dressés par l'arch. F. DE DECKER (voir r. du Vallon).

Sources

Archives
ACSJ/Urb./TP 818 (1869), 1072 (1871), 1240, 1177 (1872), 3270 (1886), 5767 (1899), 5794 (1900), 8631, 8586 (1913), 11304, 11434 (1930), 14295 (1949), 14410 (1950), 15737 (1962), 15901 (1964), 16060 (1967), 17037, 17370 (1984), 17574 (1991).
C.R.M.S. 2.31.

Ouvrages
D'OSTA, J., Dictionnaire historique des faubourgs de Bruxelles, Paul Legrain, Bruxelles, 1989, p. 219.
IVAIB, Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, Saint-Josse-ten-Noode, AAM, Bruxelles, 1980-1982, fiche 4.
WAUTERS, A., Histoire des environs de Bruxelles, Culture et Civilisation, Bruxelles, 1973, p. 24.