Recherches et rédaction

1997-2004

 

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L'avenue est dénommée en hommage à Jean-Toussaint Fonsny (1801-1884), bourgmestre de Saint-Gilles de 1861 à 1870 et de 1872 à 1881.

Longeant les voies de chemin de fer, elle s'étire selon un long tracé rectiligne de la place de la Constitution, qui jouxte le territoire de Bruxelles-ville, jusqu'à hauteur de la r. de l'Imprimerie, où l'avenue continue sur la commune de Forest.

L'av. Fonsny est tracée dans le cadre du plan général d'alignement des nouvelles voiries à ouvrir près de la nouvelle station du Midi, dessiné par Victor Besme en 1863. Il s'agit d'un plan orthogonal, découpant le quartier en îlots réguliers, autour de deux artères principales longeant les voies de chemin de fer, la r. de Mérode et l'av. Fonsny. Cette dernière constitue dès lors un axe de communication important entre le centre et le sud de la capitale.

L'av. Fonsny est bâtie de 1865 à 1881 de maisons de maître ou de rapport de style néoclassique. La proximité de la 1re gare du Midi, érigée entre 1864 et 1869, joue un rôle décisif dans son essor. Vu l'important trafic de voyageurs, l'avenue est animée et commerciale. Elle compte de nombreux hôtels, restaurants et cafés. Elle présente par ailleurs une vocation artisanale et industrielle précoce qui se manifeste en grande partie en arrière bâtiment. On y trouvait notamment une manufacture de bronze d'art (voir no 87), un magasin à bière de 1887 (voir no 58) ou encore un atelier de tissage de 1947 (voir no 114). L'avenue est empruntée par le tramway depuis 1869. Son dernier tronçon, au-delà de l'av. du Roi, est en grande partie occupé par le bâtiment des « Tramways Bruxellois », actuellement ateliers de réparation de la Stib (voir no 122-124). L'avenue est plantée d'arbres en 1894.

La portion de l'av. Fonsny située entre les r. de Russie et d'Angleterre correspond à une ancienne artère, la Beemstraete qui menait au Nieuwmolen, un moulin dressé au bord de la Senne, cité dès 1262 (voir r. de France). Au bord de la Beemstraete, à hauteur de l'actuelle r. d'Angleterre, se trouvait jadis un autre moulin dit Slijpmolen (moulin à aiguiser), actionné par le ruisseau Elsbeke qui longeait une partie de l'artère. Il était également dénommé « moulin du Nid de Chien », du nom de l'étang adjacent. Le moulin est détruit peu après son acquisition par la ville en 1848. L'étang lui-même, formé par les eaux de l'Elsbeke, est asséché vers 1860.

Le quartier a fait l'objet de divers plans d'urbanisme. Le plus ancien est un Plan Particulier d'Aménagement (PPA) approuvé par AR du 16.09.1959. Il prévoyait la construction d'immeubles à toit plat culminant à une hauteur constante à front de l'av. Fonsny. Il ne fut pas suivi d'effet.

Plan récapitulatif des Plans Particuliers d'Affectation du Sol : PPAS
Plan récapitulatif des Plans Particuliers d'Affectation du Sol : PPAS "Fonsny 1", PPAS "Fonsny 2" et PPAS "France" (Quartier du Midi. Commune de Saint-Gilles, Commune de Saint-Gilles, 2001, pp. 6-7).

Durant les années 1990 et 2000, l'avenue a connu de profonds bouleversements liés à l'approbation par l'Exécutif de la Région de Bruxelles-Capitale de deux Plans Particuliers d'Affectation du Sol (PPAS) intitulés « Quartier de l'avenue Fonsny ». L'un, portant le no 2, est approuvé par l'arrêté du 27.05.1993, l'autre, le no 1, est approuvé par celui du 14.09.1995. L'objectif de ces plans, tout comme celui concernant la r. de France (voir cette rue), est de concentrer autour de la gare l'essentiel des reconstructions nécessaires à la mutation du quartier. Ces plans définissent les gabarits des bâtiments à construire ainsi que leurs affectations. Les zones réservées aux logements sont nombreuses. Pour celles-ci, les PPAS promeuvent la rénovation, en autorisant toutefois la démolition et la reconstruction « pour autant qu'elles préservent le caractère propre du quartier ». Pour les logements neufs, les PPAS préconisent une architecture faisant référence au bâti ancien du quartier, en imposant par exemple des toits à versants et des baies en rectangle dressé, des matériaux traditionnels comme la brique, la pierre naturelle ou reconstituée et les enduits.
D'autre part, des pans entiers du quartier sont réservés à l'implantation de bureaux ou d'immeubles à fonction mixte (commerces, horeca, bureaux), pour le caractère architectural desquels on tolère une absence de référence à l'architecture ancienne du quartier, des gabarits plus élevés et des matériaux modernes.

Le PPAS « Quartier de l'avenue Fonsny 1 » se limite aux quatre îlots situés juste en face de la gare du midi, entre les r. de Russie et Joseph Claes. Ceux-ci sont voués à la démolition en vertu d'un plan d'expropriation approuvé par l'arrêté du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 18.07.1996. Leur bâti cède place, selon les divers pans de rue, à des immeubles de bureaux ou à des logements. Une place publique de plan rectangulaire, dénommée place Marcel Broodthaers, est projetée au début de la r. de Hollande. Le projet prévoit en outre la suppression de la petite r. de Norvège. À l'heure où nous écrivons (octobre 2004), ce plan est en court de concrétisation. Le bâti compris entre les r. de Russie et Joseph Claes est d'ores et déjà démoli ou est en passe de l'être. Les nos 38 à 45 ont déjà fait place à un vaste immeuble de bureaux, conçu par l'Atelier d'Art Urbain (voir no 38). Il remplace entre autres, à l'angle de la r. de Suède (anc. no 2), une école gardienne ouverte en 1876. Parmi les immeubles détruits ou en passe de l'être, citons quelques exemples remarquables, comme l'imposant hôtel de maître du no 15-17, conçu par l'arch. Abeels en 1875, une originale maison de style néo-Renaissance flamande au no 39 (1879), signalée par une tourelle en pavillon ou encore un bel ensemble de trois maisons de style éclectique à façade polychrome aux nos 42, 43, 44.

Le PPAS « Quartier de l'avenue Fonsny 2 » concerne quant à lui tout le quartier situé entre l'av. Fonsny, les r. Théodore Verhaegen et Émile Féron et l'av. de la Porte de Hal, exception faite des quatre îlots concernés par le PPAS « Quartier de l'avenue Fonsny 1 ». Le plan prévoit, pour la plupart des îlots, la rénovation de logements ou leur reconstruction avec référence à l'architecture ancienne. Par ailleurs, la plupart des zones situées à front de l'av. de la Porte de Hal, dont l'îlot triangulaire défini par les r. de Russie et de Mérode, où s'est élevé un vaste immeuble en 2002 (voir no 40-41 av. de la Porte de Hal), sont destinés à une affectation en bureaux.

Avenue Fonsny, le restaurant automatique à la Gare du Midi (Collection cartes postales Dexia Banque, s.d.).
Avenue Fonsny, le restaurant automatique à la Gare du Midi (Collection cartes postales Dexia Banque, s.d.).

Nos ne figurant pas en notice : 1 et r. de l'Argonne 25 : immeuble de rapport néoclassique, 1866. R.d.ch. commercial modifié plusieurs fois au cours du temps ; 4 : maison de rapport de 1866, complètement transformée en 1912 (arch. Guillaume de Croix) et surhaussée d'un niveau en toiture en 1953. Elle conserve partiellement sa devanture d'origine, à châssis à guillotine, ainsi qu'un beau vitrail en arrière-salle figurant un coq ; 8, 9 : deux maisons anc. néoclassiques, 1867, toutes deux parementées de briquettes en 1952. Fenêtres en rectangle couché établies au no 8 lors de cette modernisation (arch. J. De Mesmaeker) ; 11 et r. de Russie 4 : immeuble recouvert de briquettes en 1952, résultant du remembrement de trois maisons néoclassiques, l'une à l'angle de l'av. Fonsny (No 11), de 1882, les deux autres, jumelles, r. de Russie (anc. nos 2 et 4), de 1885. no 11 av. Fonsny exhaussé en 1893 ; 38 : vaste immeuble à usage de bureaux, promoteur SA Espace Midi, bureau d'arch. Atelier d'Art Urbain, remplaçant plusieurs maisons ainsi qu'une école gardienne ouverte en 1876, à l'angle de la r. de Suède ; 64, 65 et r. Joseph Claes 1 : deux maisons néoclassiques, probablement conçues en ensemble en 1878 (selon De Keyser, G., 1996) ; 66, 67 : deux maison néoclassiques, probablement conçues en ensemble en 1878 (selon De Keyser, G., 1996). no 67 act. parementé de briquettes ; 68 : maison néoclassique, 1879, avec bâtiment arrière de 1876 modifié en 1957 ; 69 : maison éclectique à façade polychrome, 1898, arch. William Decroué. Vaste lucarne (1954) ; 71, 72 : deux maisons néoclassiques, 1878, surhaussées en 1929 ; 73 : maison néoclassique, 1885 ; 75, 76, 77 et r. Coenraets 1, 3, 5 : ensemble de cinq maisons d'esprit néoclassique, 1879, comprenant deux maisons de deux travées, dans chacune des rues, situées de part et d'autre d'une maison d'angle. R.d.ch. commercial établi en 1907 au no 76 ; 78 : maison anc. néoclassique, 1880, surhaussée et profondément modifiée en style éclectique à façade polychrome en 1907, arch. Van Massenhove ; 79 : maison de rapport néoclassique, 1879 ; 81 : maison anc. néoclassique, 1883, parementée de briquettes au début du XXe s. Enseigne métallique en façade, portant anc. l'inscription « CUIRS » et act. « Mosquée Assalam » ; 82 : vaste maison néoclassique, 1878, mansardée en 1935 et parementée ultérieurement de briquettes ; 83 : maison néoclassique, 1876 (selon De Keyser, G., 1996), parementée de briquettes ; 84 : maison néoclassique, 1872, parementée ultérieurement ; 85 : en retrait de l'av. et ceint d'un muret avec grille, maison néoclassique de 1879, parementée de briquettes ultérieurement ; 86, 87 et r. du Danemark 1 : ensemble de trois maisons éclectiques, arch. Joseph Papleux, 1883. Le bâtiment d'angle (No 86) est act. recouvert de briquettes et doté d'une travée aveugle portant une vaste table. Les nos 87 et r. du Danemark 1 étaient anc. identiques. no 87 act. enduit. Il abritait en 1902 une manufacture de bronze d'art ; 88, 89, 90 : ensemble de trois maisons anc. identiques, d'inspiration néoclassique, les nos 88 et 89 conçues en miroir en 1895, le no 90 en 1894. no 88 modifié au r.d.ch. en 1942. nos 89 et 90 parementés de briquettes ; 91 : maison de 1898, parementée de briquettes ultérieurement. Lucarne passante établie en 1906 ; 93 : maison de 1896. R.d.ch. modifié en 1952, date probable à laquelle le balcon est enlevé ; 94 : immeuble à appartements, 1952, arch. Eug. Hottois, en remplacement d'une maison de 1888 ; 95 : maison néoclassique, 1888, surhaussée en 1941 (arch. Éloi Drake) et transformée au r.d.ch. ; 97, 98 : deux maisons néoclassiques, 1889. Au no 97, r.d.ch. transformé en 1952. no 98 avec r.d.ch. commercial de style moderniste et parement de briquettes ultérieur aux étages ; 99 : maison néoclassique, 1895, à r.d.ch. transformé en 1926 ; 100 : maison néoclassique, 1894, à r.d.ch. transformé en 1926 ; 101 : maison d'inspiration néoclassique, 1893, exhaussée en 1906 et mansardée en 1928 ; 103 et av. du Roi 1, 3 : à l'angle, trois maisons de rapport d'inspiration néoclassique, 1897, Marie Vincent Stecke (selon De Keyser, G., 1996), récemment surhaussées, modifiées et réunies ; 104 : maison d'inspiration néoclassique, 1897, mansardée en 1944 ; 107 : maison d'inspiration néoclassique, 1898. Intéressant r.d.ch. commercial de style moderniste établi en 1934, arch. Prosper Lippers ; 108 : maison d'inspiration néoclassique, 1894, exhaussée en 1934 ; 110 : maison de 1899, surhaussée en 1930 et parementée de briquettes ultérieurement. R.d.ch. transformé en 1922 (châssis de style Beaux-Arts) ; 111 : maison d'inspiration néoclassique, 1899, exhaussée en 1935 ; 114 : anc. maison de style éclectique, 1889, surhaussée ultérieurement et transformée en bâtiment industriel. Bâtiment arrière de tissage de 1947 (arch. Léon Smets) ; 115 : maison néoclassique, 1894, act. parementée de briquettes ; 116 : maison d'inspiration néoclassique, 1899, act. parementée de briquettes ; 117 : maison d'inspiration néoclassique, 1899 ; 119 : maison éclectique à façade polychrome avec bâtiment arrière, 1895 ; 120 : maison de 1894, act. parementée de briquettes ; 121 : maison néoclassique, 1884, avec r.d.ch. modifié en 1948 ; 125 : maison néoclassique, 1882, lourdement modifiée (baies et r.d.ch.) ; 126 : maison d'inspiration néoclassique, 1896, garage de 1960 ; 127, 128, 129, 130 : quatre maisons d'inspiration néoclassique, 1894, entrepreneur Jean-Joseph Dewit. Elles sont exhaussées resp. en 1937, 1936, 1935, 1934.

Sources

Archives
ACSG/Urb. 15-17 : 7925 (1875) ; 39 : 4822 (1879) ; 42, 43, 44 : – (1878).
Collection cartes postales Dexia Banque.

Ouvrages
BERNIER, F., Monographie de Saint-Gilles-lez-Bruxelles, P. Weissenbruch, Bruxelles, 1904, p. 136.
DUBREUCQ, J., Bruxelles 1000, une histoire capitale : 8 sections anciennes de Bruxelles en 9 volumes, Bruxelles, 1996-2000, pp.40-44, 67, 69.
Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles. Saint-Gilles, Archives d'Architecture moderne, Bruxelles, 1980-1982, fiches 76, 77.
MOMMENS, G., Les transformations et embellissements de Saint-Gilles-lez-Bruxelles, 1885-1905, Bruxelles, 1905.

Périodiques
La vie économique à Saint-Gilles, des origines à demain, Syndicat d'initiative, Saint-Gilles, 1993, pp. 109-128.
DONS, R., « Obbrussel-st-Gilles et son réseau de communications. Des origines à 1900 environ », Cahiers bruxellois, t. XXVIII, 1987, p.15.

Archives des numéros ne figurant pas en notice
ACSG/Urb. 1 : 4792 (1866) ; 4 : 470 (1866), 393 (1912), 182 (1953) ; 8, 9 : 5978 (1867), 15, 88 (1952) ; 11 : 361 (1882), 3450 (1893), 130 (1920), 169 (1952) ; 68 : 3911 (1876), 5065 (1879), 168 (1957) ; 69 : 1340 (1898), 13 (1954) ; 71, 72 : 3429 (1878), 289 (1929) ; 73 : 817 (1885) ; 75, 76, 77 : 4805 (1879) ; 76 : 38 (1907) ; 78 : 6707 (1880), 296 (1907) ; 79 : 6454 (1879) ; 81 : 258 (1883) ; 82 : 3854 (1878), 131 (1935) ; 84 : – (1872) ; 85 : 6280 (1879) ; 86, 87 : 69 (1883) ; 87 : 195 (1902) ; 88, 89 : 279 (1895) ; 88 : 123 (1942) ; 90 : 3711 (1894) ; 91 : 1280 (1898), 286 (1906) ; 93 : 637 (1896), 6 (1952) ; 94 : 1888 (1888), 11 (1952) ; 95 : 1986 (1888), 143 (1941) ; 97, 98 : 3170 (1889) ; 97 : 180 (1952) ; 99 : 191 (1895), 267 (1926) ; 100 : 3527 (1894), 81 (1926) ; 101 : 3475 (1893), 131 (1906), 302 (1928) ; 104 : 849 (1897), 2251 (1944) ; 107 : 1300 (1898), 285 (1934) ; 108 : 3719 (1894), 218 (1934) ; 110 : 1885 (1899), 237 (1922), 332 (1930) ; 111 : 1970 (1899), 58 (1935) ; 114 : 2194 (1889), 28 (1947) ; 115 : 3611 (1894) ; 116 : 1626 (1899) ; 117 : 1616 (1899) ; 119 : 200 (1895) ; 120 : 3722 (1894) ; 121 : 716 (1884), 27 (1948) ; 125 : 493 (1882) ; 126 : 573 (1896), 8 (1960) ; 127, 128, 129, 130 : 3726 (1894), 295 (1934), 208 (1935), 3 (1936), 87 (1937).