Recherches et rédaction

2019

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireÉtablie dans l’axe de l’amorce de la rue de Manchester, la rue de Liverpool relie le quai de l’Industrie à la chaussée de Mons, au-delà de laquelle elle est prolongée par la rue Docteur De Meersman. Elle croise les rues Heyvaert, du Chimiste, Odon, Abbé Cuylits et enfin Broyère. Sa première partie (nos 1 à 41 et 2 à 54) se situe sur le territoire de Molenbeek-Saint-Jean, la seconde sur celui d’Anderlecht, la frontière entre les deux communes suivant l’ancien tracé de la Petite Senne, que la rue franchissait via un pont.

L’artère apparaît déjà en projet entre la chaussée de Mons et la Petite Senne, avec ses parcelles à bâtir côté impair, sur le Plan géométrique de la Ville de Bruxelles dressé par W. B. Craan en 1835. Comme les rues Haberman, des Mégissiers et de Gosselies, elle figure ensuite dans son entièreté au projet d’un nouveau quartier fait de rues en étoile dressé en 1846 par Charles Vanderstraeten. Ces artères mettent en communication la chaussée de Mons avec le quartier, prévu suivant le même plan, de la place de la Duchesse de Brabant, de l’autre côté du canal de Charleroi. Percée avant 1852 et initialement baptisée rue de Molenbeek sur Anderlecht et rue de l’Alliance sur Molenbeek, l’artère figure comme rue Liverpool dans les Almanachs du Commerce à partir de 1865, avant de devenir la rue de Liverpool vers 1880.

L’artère est essentiellement bâtie des années 1860 aux années 1880, d’habitations de style néoclassique. Parmi elles, un ensemble de huit maisons (nos96 à 110) conçu en 1886 pour un particulier, en même temps qu’une école à l’arrière, sur un terrain situé à l’angle de la rue Odon et de l’actuelle rue Abbé Cuylits. Traversant l’îlot, l’école a été démolie en 1994 au profit d’immeubles à appartements. De nombreuses entreprises se sont en outre établies dans la rue, parmi lesquelles une fabrique de chocolat avant 1877 le long de la Senne côté pair ou encore une maroquinerie (voir no 61-61a). Aux nos69 à 97, une série d’habitations des alentours de 1880 ou des années 1900, avec constructions arrière, ont été progressivement englobées et profondément transformées par la société Sobecomin, spécialisée en tubes, raccords et robinetterie. Installée aux nos 77 à 81 au début des années 1930, cette entreprise fit ériger un premier magasin par l’architecte M. Peeters en 1940 (actuel no 77). C’est ensuite l’architecte Maurice Delange qui se chargea des transformations et reconstructions, dans le même style, entre 1951 et 1962.

En 1910 fut lancé par la Commune d’Anderlecht un concours pour la construction dans la rue d’une école de 600 filles. C’est finalement une école gardienne qui s’y implanta, mentionnée au no65-67 entre 1912 et 1924 dans les Almanachs du Commerce. En 1930-1931, les locaux furent brièvement occupés par l’École centrale pratique de Maréchalerie de l’État, avant son installation rue Léon Delacroix (voir no 26-28). À l’actuel no 65-67 se trouve la plaine de Liverpool, aménagée en 2014 par le bureau d’études Arter, qui la dota d’espaces récréatifs et d’un bâtiment passif avec cafétéria. À cet emplacement se trouvait une propriété figurant déjà sur un plan de 1881: dans l’axe, à l’arrière, une demeure éclectique à deux tourelles dominait un jardin structuré de parterres géométriques. L’habitation, dont le jardin devint une plaine de jeux, fut démolie dans la seconde moitié du XXe siècle.

Traversé par le lit désaffecté de la Petite Senne, le vaste îlot délimité par les rues Heyvaert, des Mégissiers et du Chimiste fait l’objet d’un projet-pilote lancé dans le cadre du contrat de quartier Compas. S’inscrivant dans la perspective de la création du parc de la Sennette sur l’ancien tracé de la rivière entre la rue Ropsy Chaudron et la porte de Ninove, le projet consiste en la réaffectation en pôle socio-culturel d’une ancienne imprimerie située au no 66-70 de la rue de Liverpool, le long du futur parc.

Sources

Archives
ACA/Urb. 69 à 97: 31102 (30.08.1940), 31138 (12.11.1940), 35272 (25.03.1952), 36573 (29.06.1954), 36766-36767 (19.10.1954), 37193-37194 (12.07.1955), 40249 (25.10.1960), 40779 (06.02.1962); 96 à 110: 3550 (06.11.1886).
AVB/PP 2876 (s.d.), 3413 (1852).

Ouvrages
CULOT, M. [dir.], Anderlecht 1. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 49.
JACOBS, Th., Halles Sobecomin, Bruxelles Fabriques-Urban.brussels, 2019.
VAN AUDENHOVE, J., Les rues d’Anderlecht, Commémoration du vingtième anniversaire de la fondation d’Anderlechtensia, C.A.F.H.A, 1995, pp. 159-160, 175.

Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Broyer (rue)», 1859-1860.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Liverpool (rue)», 1865, 1878.
Almanachs du Commerce et de l’Industrie, «Liverpool (rue de)», 1880, 1912, 1924, 1930, 1931, 1935.
SIMON, O., VAN NECK, J., «Concours d’Anderlecht», L’Émulation, 3, 1910, pp. 69, 79.

Cartes / plans
CRAAN, W. B., Plan géométrique de la Ville de Bruxelles, 1835.
Carte topographique des environs de Bruxelles, Établissement géographique de Bruxelles, 1840.
VANDERSTRAETEN, Ch., Extrait du plan général des faubourgs de Bruxelles comprenant le Cirque dont l'établissement sur le territoire des Communes de Molenbeek St Jean et d'Anderlecht à été sanctionné par l'arrêté royal du 5 Août 1842, Établissement géographique de Bruxelles, 1846.
MOMMAERTS, G., HAUBRECHTS, E., Dérivation du Canal de Charleroy à Bruxelles. Avant-projet, 1864 (AVB/PP 2890).
ROSSCHAERT, J., Projet d’un nouveau quartier à Cureghem avec bassin pour bains publics, 01.05.1877.
Bruxelles et ses environs, Institut cartographique militaire, 1881.