Recherches et rédaction

2011-2013

 

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Cette artère rectiligne relie la chaussée de Boondael à l'avenue Géo Bernier, à hauteur de laquelle elle rencontre l'avenue de l'Hippodrome.

Le tracé de la rue reprend approximativement celui d'un ancien chemin (dont l'origine remonterait au XIIIe siècle) appelé jusqu'aux environs de la fin du XVIIIe siècle Koeistraat (rue des Vaches). Ce chemin partait de la rue du Monastère, traversait la chaussée de Boondael pour aboutir rue du Cygne (actuelle avenue Émile de Beco). Dans la première moitié du XIXe siècle, le chemin reçoit le nom de Roodensteen (rue de la Pierre rouge) entre la rue du Monastère et la chaussée de Boondael (actuelles avenue Géo Bernier et rue du Bourgmestre) et porte, au-delà, le nom de Zavelstraat (actuelle rue Gustave Biot).

La portion du Roodensteen entre les actuelles rue du Monastère et avenue de l'Hippodrome, est aménagée dans le cadre du Plan d'expropriation par zones pour l'aménagement des abords des étangs et pour l'ouverture de plusieurs rues aboutissant à l'avenue Louise, à la chaussée de Boondael, à la place Sainte-Croix et à l'ancienne abbaye de la Cambre (par l'inspecteur voyer des faubourgs de Bruxelles Victor Besme et le directeur des Travaux publics d'Ixelles Louis Coenraets), fixé par l'arrêté royal du 22.08.1873. Elle reçoit alors le nom de rue du Bourgmestre, une appellation qu'elle porte jusqu'en 1922, année où elle est rebaptisée en hommage au célèbre peintre animalier Géo Bernier (voir cette voirie).

Le Roodensteen de la rue du Monastère à la chaussée de Boondael (actuelles avenue Géo Bernier et rue du Bourgmestre), J. Huvenne, [i]Carte topographique et hypsométrique de Bruxelles et ses environs, ca. 1858[/i], détail (© Commission française de la Culture de l'agglomération de Bruxelles).

Quant à la partie du chemin entre l'avenue de l'Hippodrome et la chaussée de Boondael, elle sera élargie à douze mètres quelques années plus tard dans le cadre du Plan d'alignement de la rue du Bourgmestre (arrêté royal du 12.07.1886). Le plan qui accompagne l'arrêté montre que quelques bâtiments ont été construits le long du chemin existant, dont une propriété appartenant à Edmond Canonne (1852-1923). Ce riche commerçant établi dans le centre de Bruxelles fera construire, quelques années plus tard, la villa qui accueille depuis 1984 Le Musée des Enfants (voir n°15).

Réaménagement de l'ancien [i]Roodensteen[/i], entre l'avenue de l'Hippodrome et la chaussée de Boondael, [i]Plan d'alignement de la rue du Bourgmestre[/i], architecte Louis Coenraets, 12.07.1886, ACI/TP 45.

L'élargissement de la rue du Bourgmestre entraîna la démolition de la chapelle de la Pierre rouge, à l'angle de la rue du Bourgmestre et de la chaussée de Boondael. Déjà représentée sur certains plans du XVIIIe siècle, cette chapelle était devenue propriété de la famille Anoul-Van Elewyck au cours du XIXe siècle. Elle se dressait face à l'entrée de l'ancien cimetière communal, installé rue du Bourgmestre suite à l'épidémie de choléra de 1832. Agrandi en 1847, il fut finalement désaffecté dans les années 1870 (voir Cimetière communal d'Ixelles, avenue de la Couronne no592–chaussée de Boondael no478).

La rue rend hommage à Albert Joseph Hap (1812-1870), bourgmestre d'Ixelles de 1861 à 1870. A.J. Hap exploitait avec son frère Théodore une tannerie avec corroierie, à l'angle des actuelles avenues de l'Hippodrome et Géo Bernier (démolie vers 1910). Durant l'épidémie de choléra qui sévit au cours de l'été 1866, il mit sa tannerie à la disposition de l'administration communale pour l'affecter en hôpital provisoire. Converti en orphelinat pour filles en 1880, l'établissement fut démoli peu avant la Première Guerre mondiale.

Le bâti actuel de la rue fut construit, pour l'essentiel, durant la première décennie du XXe siècle. Le bâti le plus ancien est de style éclectique et regroupe quelques immeubles de rapport et des maisons bourgeoises (comme par exemple les nos12, 14, 16 et 18 de l'architecte-géomètre J. Timmermans, 1907, ou encore le n°42, de 1910). L'une des plus remarquables constructions de la rue est la villa Solbos (voir n°46). Cette villa résulte de la transformation, au début des années 1890, d'une maison plus ancienne bâtie vers 1870 pour Antoine Willems, président de la Société de conférences agricoles et horticoles d'Ixelles en 1862 et vice-président de la Société centrale d'arboriculture de Belgique. A. Willems y avait établi sa société d'horticulture. Les travaux de transformation, confiés à l'architecte Ernest Delune, furent exécutés à la demande d'Edmond Canonne (1852-1923), riche négociant bruxellois qui fit par la suite construire l'hôtel particulier connu sous le nom de château Jadot (voir n°15).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/TP 45.
ACI/Urb. 12: 45-12; 14: 45-16; 16: 45-16; 18: 45-18; 42: 45-42.

Ouvrages
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., et al., Atlas du sous-sol archéologique de la Région de Bruxelles:15 Ixelles, Bruxelles, 2005, p.63.
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Le quartier du Cygne (1), Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2000 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 6), pp.15-18.
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp.81-88.
Le quartier des étangs d'Ixelles, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 1994 (Bruxelles, Ville d'Art et d'Histoire, 10).

12: Inventaire des sgraffites. Ixelles, GERPM – SC ASBL, s.l., s.d.

Périodiques
DELABY, É., «La rue du Bourgmestre et les avatars d'un vieux chemin de campagne…», Mémoire d'Ixelles, 16, 1984, s.p.
DELABY, É., «Toujours à propos de la rue du Bourgmestre», Mémoire d'Ixelles, 22, 1986, s.p.