Recherches et rédaction

2007-2009

 

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Cette rue rectiligne et pentue relie la rue Mercelis à la rue Van Elewyck. Elle est interrompue par la rue de la Croix et forme, au carrefour avec les rues de Hennin et de l'Ermitage, une place circulaire rayonnante.

La rue est ouverte au début du XIXe siècle, selon un tracé parfaitement rectiligne, entre la rue de la Croix et le chemin sur lequel est plus tard aménagée l'actuelle rue de l'Ermitage (ouverte en 1863). Elle est prolongée vers la rue Mercelis en 1836 et ensuite vers la rue Souveraine (plan Vandermaelen, 1844). Ce dernier tronçon – entre la rue Mercelis et la rue Souveraine – n'a jamais été réalisé ou est très vite supprimé puisqu'il n'apparaît déjà plus sur les plans en 1848 (Atlas des communications vicinales de la commune d'Ixelles, 1848).

Son tracé est inclus dans les délibérations du conseil communal des 13.07 et 12.09.1863, décidant l'ouverture de plusieurs rues du quartier de l'Ermitage entre l'avenue Louise, la chaussée de Vleurgat et celle d'Ixelles. Ces délibérations sont sanctionnées par l'arrêté royal du 11.11 de la même année.

La rue reçoit son dernier tronçon, entre la rue de l'Ermitage et la rue Van Elewyck, dans le cadre du Plan général d'alignement et d'expropriation par zone pour l'aménagement du quartier de l'Ermitage de 1907 qui donne au quartier son aspect définitif (arrêté royal du 21.04.1907).

La rue tient son nom d'une ancienne guinguette qui avait pour enseigne Aux Champs Élysées et se trouvait à l'emplacement des actuels nos43 et 45, soit sur la propriété – un hôtel particulier et ses dépendances – plus tard acquise par l'industriel et chimiste Ernest Solvay (1838-1922).

Rue des Champs Élysées 1a – rue Mercelis 22 (photo 2010).

Le bâti le plus ancien de la rue des Champs Élysées est érigé entre 1841 et 1895 environ. Il consiste en de sobres maisons unifamiliales de style néoclassique qui présentaient, à l'origine, une grande unité marquée par l'épurement et l'ordonnance claire des façades. Plusieurs enfilades de demeures néoclassiques, ultérieurement modifiées ou rhabillées, fournissent un aperçu de cette homogénéité (tels les nos1a – rue Mercelis 22 (1876), 3, nos2, 4 et n°9). Certaines de ces façades ont fait l'objet d'une rénovation (n°13-15-17: de la seconde moitié du XIXe siècle, rénové par l'architecte Paul Flamand en 1980).
On remarque également une enfilade particulièrement homogène mais fortement dénaturée de maisons conçues à la fin du XIXe siècle allant du n°28 au n°40.

Une deuxième phase de construction correspond à l'ouverture du dernier tronçon de la rue. Ce tronçon, compris entre la rue de Hennin et la rue Van Elewyck, est particulièrement riche en maisons bien conservées datant des environs de 1910. Parmi celles-ci, l'enfilade d'immeubles de style éclectique allant du n°73 au n°89 dont le n°71, aujourd'hui fortement modifié, et le n°77 dont les sgraffites sont à noter. Côté pair, on remarque également une enfilade d'immeubles allant du n°80 au n°94 dont certains présentent des éléments d'influence Art nouveau.

Le n°74 fait partie d'un ensemble dû à l'architecte Léon Delune, conçu dans le cadre de l'aménagement de l'angle des rues de Hennin et des Champs Élysées (voir rue de Hennin nos21, 23, 25). On notera néanmoins sa cohérence avec la maison voisine (le n°72) de Paul Hamesse qui a également réalisé le n°6-6a, propriété classée d'Édouard Taymans.

Rue des Champs Élysées 91, angle avec la rue Van Elewyck (photo 2009).

Les deux angles avec la rue Van Elewyck ont été traités par le même architecte, J.-B. Tilman, en 1923 et 1925; notamment le n°91 dont la seule originalité est le bow-window qui souligne l'angle.

Aujourd'hui, la physionomie de la rue est marquée par de vastes immeubles à appartements, construits durant la seconde moitié du XXe siècle. Citons l'immeuble à appartements sis au n°12, bâti en deux fois, en 1948 puis 1954, par l'architecte Maxime Brunfaut pour la Caisse nationale des Vacances annuelles; le n°18, un vaste complexe d'immeubles en briques rouges sur un terrain reliant la rue des Champs Élysées à la chaussée d'Ixelles, édifié en 1952-1953 par l'architecte E. Goffray pour la Société Immobilière des Champs Élysées; enfin La Parisienne (n°33) autre grand projet immobilier, daté de 1965 (architecte C.H. Vander Elst).

À la même époque s'érige une enfilade d'immeubles à appartements (du n°42 au n°56); à noter le n°46, avec ses baies en bandeau horizontal et sa structure habillée de panneaux de béton gravillonné (architecte P. Guillissen, 1955). L'une de ces constructions (n°66) remplace un immeuble à appartements de style Art Déco de six étages, propriété du sculpteur Louis Devillez (architecte Georges Hobé, 1928).

Rue des Champs Élysées 66. Immeuble de Georges Hobé aujourd’hui détruit, élévation, ACI/Urb. 64-66-68 (1928).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/TP 64; 116.
ACI/TP Q14 Quartier de l'Ermitage (boîte n°37).
ACI/Urb. 1a: 64-1a; 13-15-17: 64-13-15; 64-13-15-17; 12: 64-12; 18: 64-18; 33: 64-33; 46: 64-46; 66: 64-66-68; 71: 64-71; 77: 64-77; 91: 64-91.
AEBa Gouvernement provincial du Brabant, Service 12, 744.

Ouvrages
BOVY, Ph., Vers l'Ermitage, Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2002 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 9), pp.18-22.
GONTHIER, A., Histoire d'Ixelles, Le Folklore Brabançon, Impr. De Smedt, Bruxelles, 1960, pp.138-140, 144-146, 216.
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp.75-80.
LE ROY, P., Monographie de la commune d'Ixelles, Imprimerie Générale, Bruxelles, 1885, pp.249, 272-274.

Cartes / plans
Atlas des communications vicinales de la commune d'Ixelles, 1848 (archives de la commune d'Ixelles).
VANDERMAELEN, Ph., Carte topographique et hypsométrique de Bruxelles et ses environs, Bruxelles, 1844.
VANDER STRAETEN, C., Cartes topographique des environs de Bruxelles, comprenant la nouvelle enceinte, 1840.