Recherches et rédaction

2007-2009

 

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Reliant la rue de Stassart à la rue de l'Arbre Bénit, la rue croise successivement la rue du Berger, la rue du Prince Royal, les rues du Prince Albert et de la Concorde, la rue du Président et la rue Jean d'Ardenne.

Ce chemin séculaire est déjà signalé sur le Plan van Brussel, Hoofdstadt van Brabant, de 1729. Il apparaît initialement comme Kar(r)eveldstraat ou rue du Champ de Cailloux. Au milieu du XIXe siècle, l'artère est rebaptisée suivant son appellation actuelle. Son alignement a été revu par l'arrêté royal du 23.09.1843. Par l'arrêté royal du 20.02.1903, on prévoit un nouvel alignement au début du côté pair, entre la rue de Stassart et la rue du Berger, nouvel alignement qui ne sera finalement exécuté que du n°2 au n°6.

Vers le XVIIIe siècle, les constructions se concentraient surtout autour du carrefour avec la rue du Prince Royal. Près de ce carrefour, un moulin à vent avait été construit dans le Graenveld, entre la fin du XVIIe et le milieu du XVIIIe siècle.
À la moitié du XIXe siècle, la rue se prévalait déjà de modestes bâtiments néoclassiques (voir nos95 à 115). Le côté pair se caractérisait alors par un aspect lié à l'industrialisation de cette époque telle qu'en témoigne encore l'enfilade de maisons ouvrières (voir nos8 à 18-20), souvent dotées d'une petite cour. Typique également de cette période, mais aujourd'hui disparue, une fabrique de vinaigre prenait place au carrefour avec la rue du Berger (plan P.C. Popp, 1860). Plus loin se trouvaient deux carrés: le carré Boret, qui comprenait dix maisons, et le carré Demoor, qui en comptait quatorze. La plupart de celles-ci ont été détruites dans les années 1960-1970, conjointement aux nos58 à 126 (voir ci-dessous). Dans les années 1870, nombre de ces maisons furent surhaussées aux étages ou percées au rez-de-chaussée d'une devanture de magasin.

Rue Keyenveld 93-91 (2009 © bepictures / BRUNETTA V. – ERBERLIN M.)

Le début de la rue présente deux bâtiments d'angle remarquables. Ainsi le n°64 rue de Stassart – rue Keyenveld n°2 propose un magnifique ensemble éclectique teinté de néo-Renaissance flamande et dominé par une tourelle d'angle (voir n°2). En face, le n°1-3 rue Keyenveld – rue de Stassart n°66-68, abritait anciennement le bel hôtel des Chevaliers. Les deux maisons d'origine qui le composent (architecte E. Watelet, 1898) furent transformées en style Art Déco entre 1927 et 1931 sur les plans de l'architecte François Van Stichel. Malheureusement, l'hôtel se dégrada pour atteindre son état actuel.

Rue Keyenveld 7, plaque commémorative récemment disparue (photo 2007).

À côté de l'hôtel, au n°7, une plaque de marbre rappelle que dans cette maison mourut le général vicomte Frédéric Dollin Du Fresnel (1787-1856), qui combattit durant les guerres napoléoniennes et pour la lutte de l'Indépendance belge.

Rue Keyenveld 15 à 11 (photo 2009).

Du n°11 au n°15, enfilade de maisons néoclassiques de composition symétrique; au n°13 habitèrent le peintre Philippe-Joseph Maillart (1764-1856), le poète Johan-Michiel Dautzenberg (1808-1869) et le naturaliste Philippe Dautzenberg (1849-1935); n°15 revêtu de briquettes, mais conservant son encadrement de porte de style Empire. Encadrement similaire au n°33.

Rue Keyenveld 30-32, porte à jour d’imposte à petits-bois (photo 2009).

Au n°30-32, porte à double battant et porte cochère munies de beaux jours d'imposte relevant du style Empire. Un peu plus loin, au n°36-38, maison de rapport construite pour Victor Rival sur les plans de l'architecte William Defontaine en 1910, comprenant à l'arrière des «bureaux et ateliers de peintres», par la suite reconstruits à plusieurs reprises (1928, 1951 et 1993). Aux nos40-42 et 44, l'hôtel de maître de Francois Berden comprenait une fabrique de pianos à l'arrière (voir ces numéros). Quelques maisons plus loin, au n°48, se trouvait le noyau d'origine de la Confiserie-chocolaterie Antoine. Au n°57-59 (voir ce numéro), une plaque de marbre rappelle qu'il s'agit de la maison natale d'Auguste Perret (Ixelles, 1875-1954), pionnier dans l'application de béton armé.

Rue Keyenveld 58 à 70, site de la firme Solvay (2009 © bepictures / BRUNETTA V. – ERBERLIN M.)

La deuxième partie de la rue Keyenveld, côté pair, a été intégralement détruite entre 1960 et 1970, principalement pour faire place au parking des bâtiments arrière de la firme Solvay. Seul le tronçon entre la rue du Prince Royal et celle du Prince Albert est construit d'immeubles de bureaux (nos58 à 70) de Solvay (architecte A. Belpalme) en 1961 (voir rue du Prince Albert, Institut Solvay). Plus loin sur ce même côté prennent place un parking arboré et, à l'angle avec la rue de l'Arbre Bénit, un petit parc public.
Le côté impair conserve près de la rue de la Concorde quelques exemples de son bâti originel comme le n°91-93, une ancienne maison de style Empire, encore reconnaissable à ses fenêtres à arc en plein cintre au premier étage, mais malheureusement recouverte d'un parement de briquettes (1959). Plus loin, du n°95- 97 au n°115, enfilade homogène de maisons néoclassiques (voir ces numéros).

Sources

Archives
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACI/TP 186.
ACI/Urb. 1-3: 95-68; 11: 186-11; 13: 186-13; 15: 186-15; 30-32: 186-32; 33: 186-33; 36-38: 186-36-38; 58 à 70: 186-58-70; 57-59: 186-57-59; 91-93: 186-91-93.

Ouvrages
HAINAUT, M., BOVY, Ph., Porte de Namur, Commune d'Ixelles, Bruxelles, 2000 (À la découverte de l'histoire d'Ixelles, 7), pp. 14-17.
 
Cartes / plans
Plan van Brussel, Hoodfstadt van Brabant, Bibliothèque royale de Belgique, Cartes et plans, XXXI Bruxelles, ref. III, 3.281, 1729.
POPP, P. C., Atlas cadastral de Belgique, Plan parcellaire de la commune d'Ixelles avec les mutations, Bruxelles, 1860.