Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireSituée à cheval sur les communes de Forest et d’Ixelles, cette artère relie l’avenue Georges Brugmann à la place Georges Brugmann. Le début de la rue, côté avenue Brugmann, est situé sur la commune de Forest (nos1-3 à 17 et nos2 à 18); le tronçon ixellois débute à partir des nos19 et 20.

L'ouverture de la rue, début 1900, s'inscrit dans le contexte de l'aménagement du quartier Berkendael, un vaste projet à cheval sur les territoires d’Ixelles, Uccle et Forest, initié et porté par le banquier Georges Brugmann. Le projet distingue deux parties: la première concerne la zone située à l’est de l’avenue Brugmann (Ixelles et Uccle), et la seconde les terrains situés à l’ouest de celle-ci (Forest). L’exécution du plan relative aux zones ixelloise et uccloise est confiée au géomètre César Boon qui dresse le Plan général d’alignement pour l’ouverture des rues du quartier Berkendael, fixé par l’arrêté royal du 12.07.1902, et légèrement modifié ensuite par les arrêtés royaux des 02.05 et 31.05.1904. La partie forestoise du quartier, réalisée par l’ingénieur Désiré Van Ouwenhuysen, est quant à elle organisée par le Plan général d’alignement et d’expropriation par zones fixé par l’arrêté royal du 12.07.1902. Ce plan se présente comme étant la suite du plan dressé un an plus tôt par C. Boon sur Ixelles.

Plan d’aménagement urbanistique du quartier Berkendael, à cheval sur les communes d’Ixelles, Forest et Uccle, fixé par arrêté royal le 12.07.1902 (C. Boon et D. Van Ouwenhuysen).

La rue est initialement dénommée rue Barnabites, en référence à l’ancienne chapelle des Barnabites –remplacée en 1905 par l’église actuelle– située dans sa perspective (voir avenue Brugmann n°121). En 1906, elle est rebaptisée en hommage à Charles Darwin, célèbre naturaliste
et physiologiste anglais (1809–1882).

À partir de 1907, l’artère se borde en quelques années de maisons bourgeoises, principalement de style éclectique, dont plusieurs tendances se dessinent; celles poursuivant l'éclectisme du XIXesiècle (comme aux nos29, 38, 53, édifiés entre 1907 et 1910), celles annonçant l'architecture de l'entre-deux-guerre, avec la maison dite «bel étage» (comme aux nos59 et 61, de 1908) et les façades d'inspiration Art nouveau (voir no25). On remarque trois beaux exemples de style Beaux-Arts: le no22 datant de 1910, le no56 dessiné par l'architecte Alphonse Gellé en 1912 et le no47 conçu en 1913 par l'architecte Paul Picquet (voir ces trois numéros). Un seul immeuble de rapport, le no39, est édifié en 1932 dans le même esprit que le no106 de la rue Franz Merjay. Sur le territoire de Forest, on signalera surtout les remarquables maisons et ateliers des artistes peintres Ernest Rocher (voir n°8-10) et Louise de Hem (voir n°15-17).

Sources

Archives
ACF/TP dossier 12 (Quartier Brugmann).
ACI/TP Convention Berkendael (plan dressé par le géomètre expert C. Boon, Ixelles, 20 septembre 1898).
ACI/TP Historique des rues (1925).
ACF/TP-Fonds non classé: Commune de Forest. Plan terrier 1928.
ACI/Urb. 38 : 87-38 ; 39 : 87-39 ; 53 : 87-53 ; 61 : 87-61.

Ouvrages
DEL MARMOL, B., L’avenue Molière et le quartier Berkendael, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2002 (Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 33).
Ixelles, Ensembles urbanistiques et architecturaux remarquables, ERU, Bruxelles, 1990, pp. 159-172.
VERNIERS, L., Histoire de Forest Lez Bruxelles, Bruxelles, 1949.

Périodiques
HAINAUT, M., « Répertoire des voies publiques d'Ixelles en 1991 », Mémoire d'Ixelles, 46-47, 1992, p. 18.