Typologie(s)

maison de la culture/centre culturel
salle de spectacle
musée

Intervenant(s)

Victor HORTAarchitecte1922-1929

Statut juridique

Classé depuis le 19 avril 1977

Styles

Art Déco

Inventaire(s)

  • Inventaire du patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles Pentagone (1989-1993)
  • Actualisation permanente de l'inventaire régional du patrimoine architectural (DPC-DCE)
  • Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2016

id

Urban : 30454
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Description

Complexe de salles d’exposition et de concert conçu par l’architecte Victor Horta et construit de 1922 à 1929 sur un terrain délimité par les rues Ravenstein, Royale, Baron Horta et Terarken.

La décision de construire le Palais des Beaux-ArtsStyle Beaux-Arts (de 1905 à 1930 environ). Courant architectural puisant son inspiration dans les grands styles français du XVIIIe siècle. Riche et ornementé, il se caractérise souvent par des élévations en (simili-)pierre blanche et/ou brique orangée ainsi que par l’usage du fer forgé pour les garde-corps et la porte. fut prise en 1919 sous l’impulsion du ministre des Travaux Publics de l’époque, E. Anseele, et du sénateur E. Vinck. Horta, dont le projet avait été préféré à celui de l’architecte des Bâtiments Civils G. Hano, en reçut la commande. Le Sénat écarta néanmoins son projet en 1920 pour des raisons budgétaires. En 1922, à l’initiative du bourgmestre A. Max et du banquier et mélomane H. Le Bœuf, était constituée l’a.s.b.l. «Société du Palais des Beaux-Arts», ayant pour but l’édification du Palais — avec le concours de L’État et de la Ville — et son exploitation. Le projet fut à nouveau confié à Horta qui dut tenir compte d’un programme complexe, d’une situation défavorable, de deux servitudes et d’un budget strictement limité. Durant la construction, ce projet fut encore complété et modifié sur des points importants. En 1922 eurent lieu l’adjudication et l’installation du chantier. Les travaux commencèrent début 1923. Les salles d’exposition furent inaugurées en 1928 et la grande salle de Concerts en 1929.

Le complexe occupe un terrain d’un ha environ. Il est entouré d’un côté par les murs de soutènement de la place des Palais, l’ancienne Cour des Comptes (place Royale, nos 11-12) et l’Hôtel Errera (rue Royale, n° 14), de l’autre par le viaduc de la rue Ravenstein et les escaliers de la rue Baron Horta, à l’origine en forte pente. L’endroit était jadis occupé entre autres par l’hospice Terarken, la maison de David II Teniers et la terrasse du champs de tir du Grand Serment des ArbalétriersPièces obliques de la ferme portant les versants du toit.. Les vestiges mis au jour1. Ouverture vitrée dans une menuiserie ou baie de petite dimension; 2. Vide autour duquel se développent certains escaliers tournants. d’une tour de la première enceinte furent conservés. Pour des questions de stabilité, on réalisa les travaux de nivellement en même temps que la construction, par sections verticales, de l’armature en béton. La limitation en hauteur imposée par la servitude protégeant le panorama de la place des Palais détermina finalement en grande partie l’aménagement du complexe. Une deuxième servitude prescrivait l’implantation de magasins vers la rue Ravenstein. L’édifice repose sur des pieux en béton (système Robur) réunis par un réseau de semelles. Son ossature en béton armé, avec remplissage de briques, est couverte de charpentes vitrées en acier. Sur le conseil de l’entrepreneur A. Blaton, la charpente de la grande salle de Concerts, initialement prévue en acier, fut remplacée en cours de construction par une structure en béton.

Le complexe abrite un ensemble de locaux destinés à des activités artistiques variées. Il totalise une superficie de 30000 m2 principalement répartie sur trois niveaux, accessibles chacun depuis les rues environnantes. Le niveau inférieur, en grande partie en sous-sol, comporte une entrée de service vers la rue Terarken. Il comprend trois salles de Concerts et leurs locaux annexes, disposées parallèlement et reliées par des vestibules, des couloirs et deux petites salles de conférence. La grande salle de Concerts, qui occupe la moitié sud et toute la hauteur du bâtiment, est entourée de plans inclinés et, au Nord, d’une cage d’escalier de plan carré. Le niveau intermédiaire, accessible depuis la rue Ravenstein, abrite l’entrée et le vestibule principaux menant à la fois à la salle de Concerts et à la salle de Sculpture (actuel hall d’animation). Sur cette dernier se greffe à l’Est la salle de l’Art Décoratif (actuel musée du Cinéma), pourvue d’une entrée indépendante rue Baron Horta. Le niveau supérieur, accessible depuis la rue Royale, abrite une suite de seize salles d’exposition, en partie groupées autour des vides de la salle de Sculpture et de la grande salle de Concerts : entre autres les salles d’Art Monumental, la Grande Galerie, la rotonde de la rue Ravenstein et, autour de la rotonde d’entrée de la rue Royale, les salles des cercles artistiques.
La disposition du terrain et la limitation en hauteur n’ont permis de concevoir ni un bâtiment de plan symétrique ni une façade monumentale. Même l’emplacement de l’entrée principale est subordonnée à l’obligation d’implanter des magasins. La pensée urbanistique d’Horta s’accommodait bien de la situation privilégiée entre le haut et le bas de la ville. Cette pensée, qu’il avait développée depuis sa nomination comme architecte de la Gare Centrale, allait encore dominer la fin de sa carrière. Son souci majeur était l’adéquation économique et rationnelle entre le programme et le volume disponible — dont il exploitait au maximum la profondeur. Il aboutit ainsi à une application précoce du plan libre, déterminant pour la continuité du bâtiment. Ce parti s’exprime entre autres dans la transition logique entre les différentes parties du complexe via un système de circulation très réfléchi et dans l’aménagement polyvalent et la disposition modulable des circuits d’exposition. Le recours à une technique moderne — le béton armé — eut un rôle déterminant qui est entre autres illustré par la grande salle de Concerts avec sa forme ovoïde, son acoustique très étudiée et ses plans inclinés.

La composition rigoureuse — dont les éléments empruntent au vocabulaire classique — se traduit dans la façade par un décor géométrique suivant des schémas symétriques et par l’accentuation du relief. L’esthétique de l’intérieur, sobre et épuré, s’appuie en grande partie sur les perspectives, les schémas constructifs et la caractéristique des matériaux d’une part et sur de discrets rehauts décoratifs et une finition soignée d’autre part. Le Palais des Beaux-ArtsStyle Beaux-Arts (de 1905 à 1930 environ). Courant architectural puisant son inspiration dans les grands styles français du XVIIIe siècle. Riche et ornementé, il se caractérise souvent par des élévations en (simili-)pierre blanche et/ou brique orangée ainsi que par l’usage du fer forgé pour les garde-corps et la porte. est le seul témoin d’importance de la dernier période d’Horta, avec la Gare Centrale, réalisée après sa mort. L’édifice d’inspiration classique, où se reconnaît la touche d’Horta, annonce l’Art Déco. Récemment encore pourtant, on le critiquait à cause de sa prétendue tendance académique.

Façade coudée allongée, marquée au centre par une rotonde d’angle et à l’extrémité droite par une tour d’angle de plan carré. ParementRevêtement de la face extérieure d’un mur. de pierre bleue de grand appareilOuvrage constitué de pierres plus ou moins taillées ou de briques., travaillé avec soin. Emploi discret de granit pour les encadrements de fenêtre et les allègesPartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. de l’étage et de granit poli dans la rotonde. Articulation en deux registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. avec accentuation du bel étage — couronné par un attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. ajouré — et de la division verticale en travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade.. Rotonde flanquée de lourds pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. et divisée en trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade., répondant à celle des bâtiments de la Société Générale qui lui faisaient jadis face. Portails légèrement galbés flanqués par des panneaux d’affichage et de petites fenêtres. À l’étage, rythmé par des colonnes engagées jumelées, étroites fenêtres en tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste., entablementCouronnement horizontal qui se compose d’une architrave, d’une frise puis d’une corniche. Les façades sont d’ordinaire coiffées d’un entablement. On peut également trouver un petit entablement au-dessus d’une baie ou d’une lucarne. «classique». Balcon ondulé tripartite, scandé par de lourds désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. sur consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. et des garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en ferronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. à motif répétitif. Latéralement, sept travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. à gauche et neuf à droite, répétition de modules identiques. Au rez-de-chaussée, en avancée, vitrines couronnées d’un parapet et flanquées de pilastresÉlément vertical plat en ressaut qui évoque un support (un pilier engagé). Il peut être muni d’une base et d’un chapiteau. élevés. Entresol bas servant d’assise au bel étage. Au bel étage, trumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. panneautés, niches rectangulaires à renfoncements successifs abritant un tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste. sur allègePartie de mur située sous l’appui de fenêtre. La table d’allège est une table située sous l’appui de fenêtre. panneautée. Tour d’angle abritant l’Entrée du Roi : une travée1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. sur une, deux niveaux structurés par d’imposants balcons, parementRevêtement de la face extérieure d’un mur. presque lisse. Couronnement continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. par une lourde frise denticulée et un épais cordonCorps de moulure horizontal, à rôle purement décoratif, situé sur une partie quelconque d’une composition.; attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement. formé par des parapetsUn parapet en maçonnerie est un muret servant de garde-corps. à désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. au-dessus de la rotonde et de la tour d’angle et vers la rue Baron Horta, ou, vers la rue Ravenstein, par des garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer et des désÉléments de pierre de section sensiblement carrée ou rectangulaire, disposés généralement aux angles d’un balcon. à vases stylisés. VantauxLe mot vantail désigne le battant d’une porte ou d’une fenêtre. de porte et châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. de fenêtre métalliques et à divisions géométriques, verres marbrés et vitraux. À hauteur des escaliers de la rue Baron Horta, façade plus haute d’inspiration classique assurant la transition avec l’Hôtel Errera adjacent : partie inférieure en trois registresAlignement horizontal de baies sur un pignon. parementée de pierre bleue à refends, partie supérieure enduite avec niches plates rectangulaires et entablement «classique». Vers la rue Terarken, façade assisée en briques et pierre bleue — pour s’harmoniser avec l’Hôtel de Ravenstein situé en face —, ajourée de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. groupées et enrichie d’un bow-windowDe l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. au niveau du Salon royal.

Sobre intérieur avec murs lisses stuqués et sol en marbre, parqueté à chevron ou combinant granitoMatériau composé de mortier et de pierres colorées concassées présentant, après polissage, l’aspect d’un granit. et linoléum; boiseries uniformes. Les couleurs d’origine se sont perdues par suite des rafraîchissements successifs. Certaines parties ont subi d’importantes modifications.
Salles d’exposition. Salle de Sculpture : hall à cinq vaisseaux et deux niveaux couvert par une voûte vitrée à charpente en béton; en 1969-1971, réaménagé en hall d’animation sur les plans de l’architecte L. Baucher au moyen d’un podium métallique démontable et de galeries; relié par un large escalier aux trois salles d’Art Monumental et flanqué à l’étage de la Grande Galerie. Grande galerie et salles d’exposition communiquant les unes avec les autres avec possibilité de fermeture grâce à des portes coulissantes; éclairage par des verrières, actuellement en grande partie obturées, dès l’origine, éclairage artificiel pour les nocturnes. Rotonde monumentale conçue initialement comme tea-room : pourtour rythmé par des colonnes engagées, escaliers courbes de part et d’autre de l’entrée, imposants plafond et lustre.

Salles de Concerts. Grande salle de Concerts, actuellement dénommée Salle Henry Le Bœuf, de forme ovoïde et, à l’origine, d’une capacité de 2200 spectateurs. Parterre, stalles et trois rangs — balcon, loges et galerie —; au centre, Loge royale. Plafond en voûte à trois renfoncements successifs, soutenu par deux séries de cinq poutres transversales sur colonnes jumelées; partie centrale vitrée et ajourée de manière décorative; grand orgue installé par la firme J. Stevens de Duffel. Réaménagement par les architectes E. de Felici et R. Delers en 1976. Autour, larges couloirs de circulation avec plans inclinés. Salon royal au niveau du balcon. Salle de Musique de Chambre, actuellement appelée Salle M : capacité initiale de 625 spectateurs; division en parterre, balcon et loges latérales caractéristiques; plafond coudé à caissons. Transformation radicale par le bureau d’architecte H. Gilson en 1987-1988. Idem pour la petite salle de Récital, actuel Studio, pouvant initialement accueillir 200 spectateurs.
Dans le vestibule, monument Henry Le Bœuf décoré d’un génie en bronze par V. Rousseau en 1936. Dans le foyer de la grande salle de Concerts, monument Victor Horta, avec buste par A. Wansart, inauguré en 1950.

Réaménagement complet de la salle de l’Art Décoratif par les architectes C. Brodzki et C. Hannoset en 1962-1967, en vue de l’installation du Musée du Cinéma.


Sources

Archives
AVB/NPP 71. 

Ouvrages
DULIERE, C., Victor Horta, Mémoires, Bruxelles, 1985, pp. 230-277. 
HORTA, V., Le Palais des Beaux-Arts du point de vue architectural, dans Cahiers de Belgique, 1928, juin, pp. 17-52.