Recherches et rédaction

2016-2017

 

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La rue Mellery débute au parvis Notre-Dame puis longe le Domaine royal, croisant la rue Mathieu Desmaré, avant de rejoindre l’extrémité de la rue des Vignes.

La rue Mellery constitue une portion de l’ancienne route de Bruxelles à Tamise – également dénommée route du Palais royal, route provinciale de Bruxelles à Meysse puis rue des Palais –, qui débutait au pont de Laeken, suivait le tracé de l’actuelle rue des Palais Outre-Ponts avant de bifurquer vers le nord, passant devant le palais royal, en direction de la Flandre. En 1876, le roi Léopold II céda à l’État une partie de son domaine pour la création d’un parc public, ainsi que l’assiette de la future avenue du Parc royal. Formant une ellipse autour du domaine royal, celle-ci remplaçait, à partir de la nouvelle église de Laeken, la route de Bruxelles à Tamise, qui traversait son domaine. Cette artère fut transformée en impasse à hauteur de la fin de la rue des Vignes, les deux voies formant désormais une enclave dans le Domaine royal. Au cours des dernières décennies du XIXe siècle, le roi s’attacha à étendre ce domaine et à urbaniser ses abords, dont l’enclave en question. Le projet consistait à remplacer ces anciennes artères bâties de maisons modestes et insalubres par des rues nouvelles où prendraient place des habitations bourgeoises. Plusieurs propriétés furent rachetées dans ce but par le roi. Finalement approuvé par la Commune le 06.10.1905, le projet de transformation du quartier ne fut toutefois jamais mis en œuvre, le roi étant décédé en 1909.

Entretemps, la Commune avait, en 1902, attribué le nom de rue Mellery à la portion d’artère comprise entre le parvis et la rue des Vignes, en hommage à Xavier Mellery (1845-1921), peintre qui fut longtemps domicilié dans la rue (voir no78).

Inclus dans le Domaine royal dès avant 1866, soit sous le règne de Léopold Ier, le côté impair de la rue présente un long mur de clôture en briques. À hauteur du no26 et du croisement de la rue Desmaré, deux anciens portails de pierre y sont incorporés, vestiges d’entrées de propriétés aujourd’hui disparues. Le second portail, à pilastres bagués, affiche le millésime «ANNO / 1688». À sa droite prend place une petite chapelle de maçonnerie, la seule subsistante de la série qu’avait fait installer l’archiduchesse Isabelle au XVIIe siècle (voir notice). Plus loin (voir nos53 et 55), deux bâtiments néoclassiques d’avant 1810 marquent l’ancienne entrée d’un autre domaine disparu.

Bâti progressivement au cours du XIXe siècle, le côté pair de la rue présente encore plusieurs habitations néoclassiques, dont l’ensemble formé par les nos4 à 10 (1875), aujourd’hui transformés, ainsi que deux anciennes bâtisses d’avant 1836 ayant été intégrées dans des complexes industriels, l’une par la Grande Tonnellerie Krämer Frères (voir no42), l’autre par les Ateliers Jonckheere (voir no54). Au no14, une vaste habitation conçue en 1877 pour le curé-doyen de l’église Notre-Dame de Laeken et dotée d’une salle au rez-de-chaussée, a servi d’école catholique au début du XXe siècle, avant d’être entièrement transformée en 1962 pour la Société Notre-Dame de Laeken (architectes De Smet et Lateir). Aux angles de la rue Mathieu Desmaré (nos24-26 et 38), deux complexes de logements pour vieux ménages ont été respectivement conçus en 1959 et 1969 par l’architecte Égide Dekeuleneer pour le Foyer Laekenois. Le premier a notamment remplacé l’ancien hôpital de Laeken, ouvert suite à l’épidémie de choléra de 1866 dans un immeuble transformé par l’architecte Trappeniers. Il servit ensuite d’hospice entre 1879 et 1885 avant d’être à nouveau utilisé comme hôpital, et ce jusqu’en 1914.


Sources

Archives
AVB/AR rues, boite 54-63, cote 58, no3 (15.04.1902).
AVB/TP 4 à 10: Laeken 554 (1875); 14: Laeken 1208 (1877), 76661 (1962); 24-26: 69603 (1959); 38: 85073 (1969), 85076 (1969).


Ouvrages
COSYN, A., Laeken Ancien & Moderne, Imprimerie scientifique Charles Bulens, Bruxelles, 1904, pp. 3, 10, 120-124, 139, 149-150.
GUILLAUME, A., MEGANCK, M., Atlas du sous-sol archéologique de la région de Bruxelles. 24. Laeken, Direction des Monuments et des Sites – Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 2012, pp. 58-59, 63.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1445.

Périodiques
CULLUS, Ph. «Laeken. Commune annexée, commune oubliée?», Bulletin trimestriel du Crédit communal, 153, juillet 1985, 
pp. 34-35.
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Mellery (rue)», 1908.