Recherches et rédaction

2016-2017

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaireLa rue Laneau est une longue artère qui relie la place Émile Bockstael à la rue du Pannenhuis, à la frontière avec la commune de Jette. Son premier tronçon, jusqu’au rond-point de l’avenue Richard Neybergh et à la rue Louis Wittouck, présente un tracé courbe. Elle continue ensuite en ligne droite, croisant l’avenue Prudent Bols et la rue Edmond Tollenaere.

Large de douze mètres, la rue s’inscrit dans le quartier triangulaire compris entre la rue du Pannenhuis, la rue Léopold Ier et le chemin de fer de ceinture ouest. Ce quartier est créé en même temps que le boulevard Émile Bockstael, ouvert par arrêtés royaux des 18.02.1899 et 05.10.1900. Percée vers 1907, la rue ne s’étend à l’origine qu’entre l’avenue Prudent Bols et la rue du Pannenhuis. Le prolongement de l’artère jusqu’à la place Émile Bockstael est envisagé par la Commune de Laeken dès 1911. Validé par l’arrêté royal du 07.06 de cette même année, son percement n’est toutefois pas réalisé faute de moyens. La prolongation, suivant un tracé légèrement revu, se fait finalement à la fin des années 1920, en vertu d’une décision du Collège de la Ville de Bruxelles du 20.04.1925. La voirie de ce tronçon est réaménagée à la fin des années 1970, avec remplacement en béton de la clôture en briques et pierre bleue bordant le chemin de fer.

Le nom de la rue rend hommage à H.P.A. Laneau, qui fut bourgmestre de Jette entre 1882 et 1885.

Les deux derniers tronçons de la rue sont essentiellement bâtis entre 1909 et 1914, de maisons pour la plupart de style éclectique, tels les nos58 (1909) ou 84 (1912), surhaussée mais conservant une belle entrée. Le reste de l’artère, ainsi que les parcelles restées vierges, se couvrent durant l’entre-deux-guerres d’habitations encore teintées d’éclectisme, comme au no137 (architecte François De Bondt, 1927), ou marquées par les styles Beaux-Arts ou Art Déco, comme le no51 (1929). Notons, aux nos2 à 14 (voir nos10 à 14), une enfilade particulièrement cohérente de bâtiments de cette période. Parmi eux figurent les nos2 (architecte Louis Tenaerts, 1929), 6 (1928) et 8 (1929). Quelques immeubles à appartements modernistes complètent l’ensemble, tel le no16 – avenue Charles Neybergh 94 (architecte Edo Draps, 1936).

Une large part du premier tronçon de la rue, bordé côté pair par le chemin de fer, n’a jamais été bâti du côté impair. Il s’agit d’un terrain appartenant à la Grande Laiterie royale, établie dans le Château des Canons (rue Léopold Ier no116), qui fut acquis dans la seconde moitié des années 1910 par la Commune de Laeken pour accueillir le Jardin d’enfants no21. L’établissement fut partiellement reconstruit en 1956-1958 par l’architecte Paul-Émile Vincent. Côté rue Léopold Ier, les bâtiments remontent à 1975-1976. À noter qu’à cet endroit avait été conçu en 1915, par l’architecte et échevin des Travaux publics Fernand Brunfaut, un avant-projet de complexe comprenant école primaire pour garçons, gymnase, écoles du 4e degré et industrielle, bibliothèque et université populaires.

La rue compte ou a compté bon nombre d’ateliers et industries, souvent établis en intérieur d’îlot, comme au no80, une maison conçue en 1911 avec atelier arrière pour un menuisier-entrepreneur, ou au no94 (architecte J. P. Lombaerts, 1929), un immeuble érigé à l’avant d’un atelier de décolletage de métaux. Au no103-105 s’est implantée, en 1910, la société Yphandi, une fabrique de cigarettes turques et égyptiennes (voir ce numéro). Enfin, au no119-133, se trouvait la Société Laitière Hollandia, dont les bâtiments principaux étaient situés rue Edmond Tollenaere no52-58 (voir ce numéro). À front de la rue Laneau, les bâtiments d’un niveau conçus en 1914 (architecte P. Heine) et 1919 ont été englobés dans un nouvel immeuble de 1968 (architecte Jan Christiaens).

Le second tronçon de la rue côté impair, à l’angle de la rue Louis Wittouck, est presque entièrement occupé par l’école primaire communale néerlandophone Louis Wittouck, établie dans des bâtiments d’un niveau conçus en 1952 par l’architecte Maxime Brunfaut (nos85 rue Laneau et 46 rue Louis Wittouck). Ce complexe fait suite à une série de projets non réalisés conçus entre 1918 et 1947 (voir rue Louis Wittouck).

Sources

Archives
AVB/AR rues, boite 20-24, cote 22, no7 (
23.04.1929).
AVB/IP II
684 (1903-1915), D1089 (1923-1946).
AVB/PP 3467 (s.d.).
AVB/NPP N12 (1947), S13 (1918, 1926, 1936).
AVB/TP 59072 (1915), 65411 (1925), 76180 (1930-1936), 77027 (1934-1935); 2: 38029 (1929); 6: 37218 (1928); 8: 40017 (1929); 16: 46437 (1936); 51: 40016 (1929); 58: Laeken 4004 (1909); 137: 52055 (1927); 80: Laeken 4563 (1911); 84: Laeken 703 (1912); 94: 37986 (1929); 119-133: Laeken 3600 (1914), Laeken PV Reg. 171 (25.07.1919), 44943 (1936), 64815 (1958), 81841 (1968); rue Léopold Ier 116: 72803 (1956), 72650 (1958), 87303 (1975), 90241 (1976).

Ouvrages
CULOT, M. [dir.], Bruxelles Hors Pentagone. Inventaire visuel de l'architecture industrielle à Bruxelles, AAM, Bruxelles, 1980, fiche 26.
JURION-DE WAHA, Fr., WACHTELAER, A., Le petit monde de l’architecte Henri Jacobs, Annales de la Société royale d’Archéologie de Bruxelles, t. 71, 2013, pp. 203-208.
VAN KRIEKINGE, D., Essai de toponymie laekenoise, Laeken, 1995, s.p.
VAN NIEUWENHUYSEN, P., Toponymie van Laken (thèse de doctorat en Philologie germanique), UCL, Louvain-la-Neuve, 1998, p. 1340.

Périodiques
Almanach du Commerce et de l’Industrie, «Laneau (rue)», 1907, 1913, 1929, 1930, 1931.