Typologie(s)

hôtel particulier

Intervenant(s)

Victor HORTAarchitecte1903

Statut juridique

Classé depuis le 16 octobre 1975

Styles

Art nouveau

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Actualisation du projet d'inventaire régional du patrimoine architectural (DMS-DML - 1995-1998)
  • Inventaire d'urgence du patrimoine architectural de l'agglomération bruxelloise (Sint-Lukasarchief 1979)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles Extension Sud (Apeb - 2005-2008)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2005-2008

id

Urban : 16019
voir plus

Description

Vaste hôtel particulier de style Art nouveauStyle Art nouveau (de 1893 à 1914 environ). Mouvement international, avec de fortes variantes locales, né en réaction aux styles « néo ». En Belgique, ce courant connaît deux tendances : d’un côté, sous l’égide de Victor Horta, l'Art nouveau « floral », aux lignes organiques ; de l’autre, l'Art nouveau géométrique, influencé par l'art de Paul Hankar ou la Sécession viennoise., conçu par l'architecte Victor Horta suivant un permis de 1903.

Les commanditaires en sont l'avocat et politicien Max Hallet, ami de l'architecte, et son épouse née Timberman. L'hôtel est construit sur un terrain appartenant au beau-père de Max Hallet. D'une élégante sobriété, il marque dans la carrière de Horta un passage à un style assagi, voire « classique » (selon Mesnil). Le mobilier initial n'a pas été conservé.

Depuis 2001, l'hôtel fait l'objet de plusieurs campagnes de restauration (architectes Xavier Viérin, et depuis 2007, Barbara Van der Wee). La première campagne a été accompagnée d'une création de mobilier dans certaines pièces (architecte d'intérieur Federico Depuydt).

L'hôtel est classé en totalité depuis le 16.10.1975.
Avenue Louise 346, hôtel Max Hallet. Porte cochère flanquée d'une petite fenêtre à double <a href='/fr/glossary/170' class='info'>meneau<span>Élément vertical de pierre ou de métal divisant une baie.</span></a> sous <a href='/fr/glossary/281' class='info'>baie<span>Ouverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement.</span></a> d'<a href='/fr/glossary/43' class='info'>imposte<span>Un élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie.</span></a> (photo 2007).
Façade principale en pierre d'Euville, de 14 m de large, formée de trois travées1. Division verticale d’une élévation, composée d’une superposition d’ouvertures, réelles ou feintes. 2. En plan, la travée est l'espace compris entre deux rangées de supports disposées perpendiculairement à la façade. et de deux niveaux sous mansarde couverte d'ardoises en écailles, percée de trois lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres.. Horizontalité générale de la composition affirmée par le balcon continuUn élément est dit continu s’il règne sur toute la largeur de l’élévation ou sur plusieurs travées. sur friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de consolesPièce de pierre, de bois ou de métal partiellement engagée dans un mur et portant un élément en surplomb. La console se distingue du corbeau par ses dimensions plus grandes et par le fait qu’elle s’inscrit grosso modo dans un triangle rectangle. La console désigne également des éléments non porteurs, mais apparentés d’un point de vue formel à une console. et de glyphes, et par la corniche en pierre blanche, soulignée d'une friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. de modillonsÉléments décoratifs de forme quelconque, répétés sous une corniche. ténus. SoubassementPartie massive d’un bâtiment construite au sol et constituant l’assise du bâtiment. À Bruxelles, le soubassement est d’ordinaire en pierre bleue. en pierre blanche, percé de trois baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. inégales, les deux de gauche à double meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie.. À droite, porte cochère flanquée d'une petite fenêtre à double meneauÉlément vertical de pierre ou de métal divisant une baie. sous baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. d'imposteUn élément dit en imposte se situe à hauteur du sommet des piédroits. Imposte de menuiserie ou jour d’imposte. Ouverture dans la partie supérieure du dormant d’une menuiserie., l'association de la porte et de la fenêtre étant un des seuls éléments à rompre discrètement la symétrie de l'élévation. Grandes fenêtres du r.d.ch. à montants à gorge, dotées de châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. sur plan légèrement trapézoïdal. TrumeauxPan de mur compris entre deux travées ou entre deux baies d'un même niveau. de l'étage scandés de tablesPetite surface plane décorative, carrée ou rectangulaire. En menuiserie, on utilisera plus volontiers le terme panneau. en creux. Par-delà la corniche denticulée, lucarnesOuvrage construit sur un toit et permettant d’éclairer le comble par une ou plusieurs fenêtres. dotées d'un encadrement souple, légèrement profilé en ogive, d'un style plus « fleuri » (selon Aubry), reliées entre elles par un muret d'attiqueUn élément est dit en attique lorsqu’il est situé au-dessus de l’entablement..
Traitement de la pierre soigné et inventif, fait de détails audacieux et de discrets éléments de décor : appuisAppui de fenêtre. Élément d’ordinaire en pierre, limitant une baie vers le bas. du r.d.ch. au profil souple, sommiersLes sommiers sont les deux premiers claveaux d’un arc, portant directement sur les piédroits. formant un léger ressautSaillie d'une partie de mur par rapport à l’alignement général., jeux de ciselures soulignant certains éléments…
Porte et châssisPartie en menuiserie d'une fenêtre. conservés, en chêne blond vernis ou en résineux vernis ; portes-fenêtres de l'étage avec ouvrant central complètement ajouré. FerronnerieÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. conservée ; grilles des fenêtres de cave, de la petite fenêtre du r.d.ch. et de la porte, garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur... en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage. du balcon.
La façade, sa quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. et les menuiseriesÉléments de bois relevant de l’art du menuisier. Pour une façade, le mot peut désigner les portes, les châssis, les éventuelles logettes et la corniche. Par extension, le terme désigne également l'huisserie métallique et en PVC. viennent de retrouver leur éclat suite à leur restauration achevée en 2007.

Avenue Louise 346, hôtel Max Hallet, escalier d'honneur (photo 2003).

Intérieur.
Plan divisé longitudinalement en trois parties. Au r.d.ch., la 1re est constituée par un vaste passage carrossable menant au jardin. Elle se situe six marches plus bas que le reste de l'habitation. La 2e abrite le bureau de Max Hallet, flanqué d'un vestiaire et doublé du hall d'entrée et de la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. d'honneur. La 3e est occupée par le salon et la salle à manger traités en enfilade.
Le passage carrossable est scandé de deux portes intérieures qui définissent trois espaces distincts. En son milieu, il est relié au hall d'entrée en contre-haut par quelques marches en marbre, savamment profilées et dotées d'une rampe en fer forgéFer façonné à chaud sur l’enclume, utilisé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des ancres, des grilles, des épis de faîtage. alternant des sections rondes et plates. Le passage a conservé son sol en carreaux de céramique ; les portes intérieures ajourées de vitraux ont été récemment restaurées. LambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et encadrements en marbre blanc sur les murs.
L'escalier d'honneur constitue véritablement le cœur de l'habitation. Déployé sur deux imposantes volées en marbre blanc veiné, il est doublement éclairé par la lumière pénétrant depuis le 1er palier en véranda et zénithalement par un vaste lanterneau en arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. de cercle, à verre coloré. Véranda constituant l'une des particularités de cet hôtel : sous la forme d'une grande verrière en fer et verre coloré et neutre, elle est traitée en trois absidioles sur plan cintré. Sur toute sa hauteur, sur les murs et le plafond, l'escalier est décoré d'une large friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. peinte figurant des rosiers entremêlés, attribuable à Privat Livemont (selon Clerbois) ; la plus grande partie de la friseBande horizontale, décorée ou non, située au milieu de l’entablement. Par extension, suite d’ornements en bande horizontale. est aujourd'hui rafraîchie. Rampe en fers plats rivetés. 2e palier décoré à gauche d'un vitrail figurant des roses stylisées. De manière scénographique, une loggiaPetite pièce dans-œuvre, largement ouverte sur l’extérieur par une ou plusieurs larges baies non closes par des menuiseries. en tripletGroupement de trois baies. Les deux latérales, identiques, sont différentes de la baie centrale, d’ordinaire plus vaste., au dernier niveau, auquel on accède par l'escalier de service, ouvre sur l'escalier principal en contrebas. Côté jardin, le mur de l'escalier insère une fresque allégorique, probablement du peintre Georges Marie Baltus (selon Clerbois), partiellement encadrée d'une baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. en U renversé garnie de vitraux. Cette baieOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. assure une liaison entre la cage d'escalierEspace à l'intérieur duquel se développe un escalier. et la chambre qui se trouve derrière elle au 1er étage. Le hall d'entrée et les deux grands paliers ont reçu un sol en mosaïque figurant des roses stylisées.
L'escalier d'honneur est latéralement doublé d'un escalier de service en pitchpin et acajou, qui se prolonge jusque dans les comblesEspace intérieur de la toiture.. Sol en terrazzo.

Avenue Louise 346, hôtel Max Hallet. Salon, tapisserie à damas fleuri (photo 2003).

Dans le salon et la salle à manger du r.d.ch., plafond à voussettes peintes, cimaises. Dans le salon, murs tendus d'une tapisserie à damas fleuri de couleur rose orangé, reconstituée d'après l'originale lors de la campagne de restauration de 2001. Dans la salle à manger, murs anciennement recouverts d'un papier japonais à motif végétal masquant un papier gaufré à motif de pivoine et imitant la soie. Ce papier japonais est aujourd'hui enlevé et un projet de restauration est établi pour remettre à neuf le papier gaufré sous-jacent. Attenant à la salle à manger, sous le 1er palier se trouve l'office, actuellement transformé en cuisine. La salle à manger et l'office sont tous deux reliés au jardin par quelques marches en fonteFer riche en carbone, moulé pour réaliser des éléments architecturaux comme des garde-corps, des colonnettes, des cache-boulins. Contrairement au fer forgé, la fonte est cassante et résiste mal à la flexion.. Côté salle à manger, une petite plate-forme en pavé de verre et structure métallique fait la transition avec les marches, permettant un apport de lumière dans les caves, autrefois à usage de cuisine. Parquet marqueté géométrique, d'un dessin original, en chêne et acajou dans le bureau, en chêne, acajou et frêne dans la salle à manger.

Au 1er étage, salon avant modifié à une date indéterminée, avec porte en meranti (remplacée). Boiseries d'origine du 1er étage en bois rouge (acajou). Parquets à bâtons-rompus en chêne avec cabochons (d'origine).
La toiture de l'hôtel est percée de trois puits de lumière. Charpente moisée caractéristique « 1900 ». Toiture et charpente inscrites dans un projet de restauration.
Sous-sols : murs recouverts jusqu'à mi-hauteur de carreaux de céramique blancs et bleus ciel. Sols en terrazzo ayant également bénéficié de la récente campagne restauration de 2007.

Matériaux communs à l'ensemble. Les cache-radiateurs des chambres, les poignées de porte et les espagnolettes sont en bronze. La plupart des chambranles présente un profil à crossettesRessauts décoratifs situés aux angles d’un élément tel qu’un encadrement. en forme de cœur. Dans les pièces de réception et l'escalier, lambrisLe lambris est un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce. et portes en frêne contrastant avec un panneautage en bois blanc (poirier). Aux étages et dans la partie privée dépendant de l'escalier de service, boiserie en pitchpin et bois blanc (peuplier).
Châssis en chêne d'origine.

Avenue Louise 346, hôtel Max Hallet, façade arrière (photo Bastin & Evrard   MRBC).

Façade arrière enduite, organisée de manière symétrique de part et d'autre d'un avant-corps polygonal. Façade dominée par les trois absidioles en cul-de-four de la véranda, traitées en verre et en briques blanches vernissées, reposant chacune sur une mince colonne métallique au chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. en palmier stylisé. Malgré sa grande sobriété, la façade a reçu un traitement soigné, notamment au niveau des ferronneriesÉléments en fer d’une construction, qu’ils soient en fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux. des portes et des garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur.... La restauration de cette façade, de ses éléments structurels et de sa quincaillerieEnsemble des éléments métalliques fixés à une menuiserie : gonds, serrures, etc. s'est achevée en 2007.

Dans le jardin, un garage pour deux voitures, édifié en 1946 en style pittoresque (architectes V. Cols et J. De Roeck), vient d'être démoli pour ramener le lieu au plus près de son état d'origine ; dans cette même optique, restauration de l'espace vert d'après un projet de Erik Dhont. En 1914, Max Hallet avait introduit des plans pour cette annexe, signés par Victor Horta, qui n'ont pas été exécutés. 

Classement : 16.10.1975 (totalité).

Sources

Archives
AVB/TP 1221 (1903), 26527 (1914), 58258 (1948).
Archives de la Direction des Monuments et des Sites.

Ouvrages

L'Académie et l'Art Nouveau, 50 artistes autour de Victor Horta (Catalogue d'exposition), Les Amis de l'Académie Royale des Beaux-Arts ASBL, Bruxelles, 1996.
AUBRY, F., Victor Horta à Bruxelles, Racine, Bruxelles, 1996, pp. 114-121.
AUBRY, F., VANDENBREEDEN, J., Horta, naissance et dépassement de l'Art Nouveau (Catalogue d'exposition), Ludion/Flammarion, Gand, 1996, pp. 122-123.
BORSI, F., PORTOGHESI, P., Horta, trad. fr. J.-M. Van Der Meerschen, J.-M. Collet éd., Braine l'Alleud, 1996, pp. 88, 294-303.
Bruxelles, Monuments et Sites classés, Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, Bruxelles, 1994, p. 118.
BRAEKEN, J., CELIS, M., MONDELAERS, L., et al., Bruxelles protégé. Les monuments et sites protégés légalement en date du 1er janvier 1988. Mardaga, s.l., 1988, p. 44.
HORTA, V., Mémoires. Texte établi, annoté et introduit par Cécile Dulière, Ministère de la Communauté française de Belgique, Bruxelles, 1985, pp. 84-87.
MESNIL, C., Victor Horta, un créateur de l'Art Nouveau, sa vie, son œuvre, J.-M. Collet, Braine-l'Alleud, 1990, pp. 80-81.
NICASI, C., De trap als ruimtelijk gegeven in Horta's art nouveauarchitectuur te Brussel, (eindverhandeling in de Kunstgeschiedenis en Archeologie), Katholieke Universiteit Leuven, Louvain, 1983, pp. 81-83.

Périodiques

Déco Idées, novembre 2001.