Recherches et rédaction

2016

 

Voir les biens de ce lieu repris à l'inventaire

Le quai de Willebroeck est une artère longue et large qui débute place de l’Yser et aboutit place des Armateurs, où elle est prolongée par l’Allée Verte. Elle croise sur son parcours le quai de la Voirie, la rue de la Dyle et le boulevard Simon Bolivar.

À l’origine, le quai bordait à l’ouest le canal de Willebroeck, jusqu’au pont de Laeken, tandis que l’Allée Verte, qui débutait alors au boulevard Baudouin, longeait le canal à l’est. Le quai de Willebroeck se raccordait à l’extrémité nord du quai des Charbonnages, qui formait une courbe suivant le tracé du canal de Charleroi jusqu’à la porte du Rivage, à l’emplacement de l’actuel square Sainctelette. Dans les dernières décennies du XIXe siècle, après un premier îlot densément bâti, le quai de Willebroeck bordait un bassin perpendiculaire, le bassin de la Voirie, dont elle traversait le chenal d’accès via un petit pont. Ce bassin était bordé par les quais de Quenast et de la Voirie. Jusqu’à l’annexion en 1897 de la plaine de Tour et Taxis par la Ville de Bruxelles, le quai de Willebroeck était situé sur le territoire de Molenbeek-Saint-Jean pour la partie sud et de Laeken pour la partie nord.

Dans les années 1900, les canaux de Charleroi et de Willebroeck furent reliés en droite ligne par le déplacement du second vers l’ouest, sous la forme de deux bassins, le bassin de Jonction (futur bassin Béco) et le bassin Vergote, plus large. En 1910-1911, le bassin de la Voirie et la partie sud de l’ancien lit du canal de Willebroeck furent remblayés. La portion du canal comprise entre l’ancien emplacement du bassin de la Voirie et la place des Armateurs fut transformée en un bassin de 622 mètres de long sur 30 de large, baptisé bassin de Batelage, toujours bordé par le quai de Willebroeck et raccordé par un chenal au bassin Vergote. Au-delà de la place des Armateurs, le reste de l’ancien lit et du quai de Willebroeck disparurent au profit de terrains bordant le bassin Vergote.

Rebaptisé Auguste Gobert en 1929, le bassin de Batelage fut remblayé au début des années 1950 au profit d’un héliport géré par la Sabena, implanté là en 1953. L’année suivante, la gare de l’Allée Verte ferma ses portes. Les voies de chemin de fer de celle-ci cédèrent la place à l’avenue de l’Héliport, tandis que la partie sud de l’Allée Verte fut englobée dans une extension de l’héliport, qui tourna à plein régime lors de l’Expo 58 mais ferma en 1966.

Longé par le quai de Willebroeck, entretemps réaménagé en large voie rapide, le terrain laissé libre par l’héliport fut transformé en vaste zone de parking de camions pour le centre TIR (voir rue de l’Entrepôt no2-3), avant la conception en 1980 d’un parc paysager à cet endroit (Architecture & Urbanisme A. & M. Vanden Bossche). Celui-ci sera inclus dans le parc Maximilien, ensemble d’espaces verts de six à sept hectares baptisé par arrêté du Collège de la Ville du 06.11.1987. On y trouve, au sud, la Ferme du parc Maximilien (no2 quai du Batelage), une ferme pédagogique créée en 1988, qui a englobé la buvette du parc (no21 quai de Willebroeck), construite à l’emplacement du pavillon de l’héliport (1953). S’étendant sur deux îlots séparés par le boulevard Simon Bolivar et parcouru de chemins sinueux, le parc était à l’origine ponctué de diverses structures récréatives, qui ont pour la plupart disparu dans les années 2000: coin repos, théâtre de verdure, fort miniature, bac à sable et toboggan. Dans l’îlot nord, partiellement occupé par un bâtiment de service, se trouvent encore une fontaine circulaire à écluses, ainsi qu’une œuvre en aluminium de Frank Vanturnhout, Deux obélisques contemporains, inaugurée en 1996. Une rénovation du parc est prévue dans un futur proche.

Côté ouest, le quai de Willebroeck longe trois vastes îlots limités par le quai des Péniches. Le terrain du premier îlot figurait jadis dans le projet du quartier Maritime, conçu en 1911 et axé sur le square Sainctelette. Il aurait dû être divisé par une rue diagonale, pendant du boulevard de Dixmude, projet qui sera abandonné en 1925. En 1912, le terrain fut donné en location par la Ville à un dénommé Marquet, qui y ouvrit un luna-park (voir square Sainctelette). À partir de 1933, la firme Citroën s’établit dans l’îlot, dont les bâtiments occupent toujours la majeure partie (voir no7 place de l’Yser). Pointons, au no3-7, le bâtiment de la Société Générale de Fourrures (architecte Fernand Petit, 1928), vaste immeuble de bureaux de plan en U, qui fut repris par Citroën et rhabillé en 1978.

Le deuxième tronçon est occupé par la Ferme des Boues (voir no1 quai de la Voirie), à laquelle s’était accolé un vaste immeuble commercial conçu en 1951 pour la firme Sarma. La partie nord de l’îlot doit accueillir le projet Canal Wharf (Stéphane Beel Architecten – 51N4E – Architectes Associés), un complexe de logements dont les travaux ont débuté fin 2017. Dans l’axe du boulevard Simon Bolivar est en outre prévue la «passerelle Picard» (Bureau Greisch), un pont pour piétons, cyclistes, bus et trams, destiné à relier le quartier Nord au site de Tour et Taxis. À noter que le projet d’un pont enjambant le canal dans l’axe gare du Nord-rue Picard remonte à la fin des années 1960: le plan Manhattan, visant la transformation du quartier Nord en un centre d’affaires, prévoyait là une large voie reliant la gare aux grandes autoroutes du pays, comme le confirme un plan dressé en 1979.

Quant au dernier tronçon, il était à l’origine largement occupé par les magasins et bureaux de la firme Delhaize & Co, conçus en 1912 par l’ingénieur Eugène François et repris par les Galeries et Grand Bazar Anspach qui avaient fait agrandir le complexe en 1956 (architectes A. et J. Polak). Démoli en 2008, l’ensemble a cédé la place à un complexe d’immeubles à appartements et de bureaux, dont une tour de 140 mètres de haut achevée en 2014 et baptisée UP-site (Ateliers Lion Architectes Urbanistes et A2RC).

Sources

Archives
AVB/TP31398-31411 (1911-1917),61001 (1912), 64597 (1951), 70893 (1956), 87644 (1979), 92384 (1980);3-7: 48847 (1928), 88892 (1978).


Ouvrages
Bruxelles Port de Mer, Société anonyme du Canal et des Installations maritimes de Bruxelles,Éditions illustrées du «Soir», 1922.
DEROM, P.,Les sculptures de Bruxelles. Catalogue raisonné, Galerie Patrick Derom, Bruxelles, 2002, p. 80.
HUBERTY, C., VALENTE SOARES, P.,Les canaux bruxellois, coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 25, Région de Bruxelles-Capitale, 1998, p. 34.