Typologie(s)

mosquée
maison de la culture/centre culturel

Intervenant(s)

Ernest VAN HUMBEECKarchitecte1897

Mongi BOUBAKERarchitecte1975

Statut juridique

Classé depuis le 18 novembre 1976

Styles

Mauresque

Inventaire(s)

  • Actualisation de l'inventaire d'urgence (Sint-Lukasarchief - 1993-1994)
  • Le patrimoine monumental de la Belgique. Bruxelles Extension Est (Apeb - 2006-2009)

Ce bien présente l’(es) intérêt(s) suivant(s)

  • Artistique
  • Esthétique
  • Historique
  • Urbanistique

Recherches et rédaction

2009-2010

id

Urban : 18706
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Description

Bâtiment d’inspiration orientalisante, conçu à l’occasion de l’Exposition universelle de 1897 par l’architecte Ernest Van Humbeeck, pour y exposer le panorama Le Caire et les bords du Nil, peint par Émile Wauters en 1880-1881. L’édifice est profondément transformé selon des plans de 1975 conçus par l’architecte tunisien Mongi Boubaker, afin d’abriter la Grande Mosquée et le Centre islamique et culturel de Belgique, inaugurés en 1978.

Historique

C’est de retour d’Égypte que le peintre Émile Wauters réalise la toile panoramique, pour la Compagnie austro-belge des Panoramas. Illustrant le voyage de l’archiduc Rodolphe au Caire et présentant les dimensions standard de 14 mètres de haut sur 114 de long, l’œuvre est destinée au Neue Panorama de Vienne. Ramené en Belgique après la destruction par un incendie de la rotonde viennoise, le panorama est abandonné dans un atelier désaffecté de Molenbeek-Saint-Jean. En 1895, la toile est cependant achetée par le comte Louis Cavens, qui la fait restaurer. Afin d’abriter l’œuvre, le mécène fait en outre construire à ses frais un bâtiment en forme de mosquée dans le parc du Cinquantenaire. Son emplacement à l’extrémité nord-ouest de celui-ci est choisi lors d’une visite effectuée par le baron, le ministre des Arts Léon de Bruyn et Gédéon Bordiau, l’architecte en charge de l’aménagement du site. Le Panorama du Caire est inauguré à l’occasion de l’Exposition universelle de 1897, durant laquelle il connaît un grand succès.

Pavillon du Panorama du Caire, façades sud et est, [i]L’Émulation[/i], 1898, pl. 31.

Construit en matériaux durables – briques, marbre et fer –, l’édifice est destiné à devenir une annexe des Musées royaux des Arts décoratifs et industriels. Dès 1901, cependant, le bâtiment et son panorama présentent des signes de détérioration et la question de leur maintien est posée. Vers 1923, la toile est restaurée par le peintre Alfred Bastien. En 1950, l’artiste doit renouveler l’opération suite aux dommages causés à la verrière du bâtiment lors de la guerre. En 1963, l’attraction, fermée aux visiteurs, est en piteux état. Quatre ans plus tard, le bâtiment est cédé à la Communauté musulmane de Belgique afin d’y établir un centre culturel et religieux. Démantelée en 1971, la toile finit par disparaître. Quelques fragments sont aujourd’hui conservés dans des collections privées.

Détail du panorama [i]Le Caire et les bords du Nil[/i], par Émile Wauters (a href='http://www.kikirpa.be'© IRPA-KIK Bruxelles/a).

Description

Le Panorama du Caire

L’édifice conçu en 1897 par Ernest Van Humbeeck est une rotonde à seize pans de 38 mètres de diamètre. Différents volumes y étaient originellement accolés.

Au sud se greffaient trois annexes : à droite, un pavillonLe toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon. d’entrée de plan carré à deux niveaux sous dômeToit de plan centré à versant continu ou à pans, galbé en quart de cercle ou d'ovale. ; au centre, un vestibule donnant accès à la grande salle, spécialement obscur pour préparer l’œil du visiteur ; à gauche, un petit musée abritant une autre toile de Wauters, Sobieski devant Vienne.

Entrée du <a href='/fr/glossary/239' class='info'>Pavillon<span>Le toit en pavillon est un toit à quatre versants droits couvrant un corps de bâtiment de plan sensiblement carré. La lucarne en pavillon est une lucarne dont le toit est en pavillon.</span></a> du Panorama du Caire, [i]L’Émulation[/i], 1898, pl. 32.

À l’est, s’élève toujours un minaret élancé de 40 mètres de haut, coiffé d’un bulbe. Il est constitué d’une base de plan carré surmontée d’un niveau octogonal à arcatures, suivi par deux autres, cylindriques et anciennement dotés d’un garde-corpsOuvrage de clôture qui ferme un balcon, une terrasse, une porte-fenêtre, une gaine d'ascenseur.... Le minaret était à l’origine flanqué d’un petit volume d’entrée également sous dômeToit de plan centré à versant continu ou à pans, galbé en quart de cercle ou d'ovale..

Les annexes sud et est étaient reliées par un jardinet triangulaire bordé d’une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol..

Les façades présentaient un décor arabisant : baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à arc outrepasséUn arc est dit outrepassé lorsque son tracé excède le demi-cercle ou le demi-ovale. Il peut en outre s'agir d'un arc brisé dont le tracé se compose de deux courbes en forme de demi-cœur., colonnes à chapiteauCouronnement orné ou mouluré, d’une colonne, d’un pilier ou d’un pilastre. ouvragé, tympansEspace, décoré ou non, circonscrit par un fronton ou un arc de décharge. et créneaux découpés.

Pavillon du Panorama du Caire, plan du rez-de-chaussée, [i]L’Émulation[/i], 1898, pl. 30.

À l’intérieur, le centre de la rotonde était occupé par une tribune située à trois mètres de hauteur, accessible par un escalier, d’où le public pouvait admirer le panorama.

La Grande Mosquée et le Centre islamique et culturel de Belgique

S’il a maintenu la structure de la rotonde, le projet élaboré en 1975 par l’architecte Mongi Boubaker a profondément modifié l’aspect de l’édifice originel.

Dans la salle du panorama ont été aménagés trois niveaux. La façade, enduite, a été percée de baiesOuverture, d'ordinaire une porte ou une fenêtre, ménagée dans un pan de mur, ainsi que son encadrement. à encadrement saillant en béton, que l’architecte prévoyait de recouvrir de mosaïque orientale importée d’Iran. Les fenêtres sont rectangulaires et grillagées aux deux premiers niveaux, plus étroites et à arcStructure appareillée de couvrement, cintrée selon un profil donné. en plein cintreUn élément est dit en plein cintre lorsqu’il est cintré en demi-cercle. au troisième. Face à l’avenue de Cortenberg est percée l’entrée quotidienne de l’édifice, signalée par un petit porche rectangulaire.

Grande Mosquée et Centre islamique et culturel de Belgique, projet aquarellé, [i]Centre islamique et culturel à Bruxelles[/i], [1976].

Hormis le minaret, dont l’ornementation a été simplifiée, les annexes ont laissé la place à un corps de bâtiment en béton de deux niveaux, enserrant la portion sud-est de la rotonde. Cette adjonction présente une élévation percée de fenêtres grillagées dont l’encadrement, similaire à ceux de la rotonde, forme une arcadeBaie aveugle ou non, coiffée d'un arc, souvent en répétition et allant jusqu’au sol. décorative. L’entrée d’honneur s’ouvre au sud, sous un auventPetit toit couvrant un espace devant une porte ou une vitrine. dont la forme reprend le motif d’arcade. À l’ouest se dresse la cheminée de la chaufferie.

Grande Mosquée et Centre islamique et culturel de Belgique, dessin aquarellé de la grande salle de prière, [i]Centre islamique et culturel à Bruxelles[/i], [1976].

Sobre, l’intérieur présente des murs de briques et des sols en marbre de Carrare. Le second étage est aménagé en vaste salle de prière dotée d’une mezzanine réservée aux femmes. Le plafond est élégi d’une grande coupoleVoûte de plan central. Elle peut être circulaire, ovale, polygonale, à côtes, en plein cintre, surbaissée, surhaussée, etc. centrale aveugleUn élément est dit aveugle lorsqu’il est dénué d’ouverture. Une baie aveugle est un élément construit sans ouverture, imitant une porte ou une fenêtre., entourée de quatre autres plus petites. Décor d’influence islamique. Murs partiellement garnis de mosaïques verte et blanche. À l’ouest, mihrab en pierre blanche ouvragée.

Sources

Archives
AVB/TP 82106 (1971), 86219 (1975).
AGR/Ministère des Travaux publics, Administration des Ponts et Chaussées, Bâtiments civils, inventaire T039/07, indicateur 602, boîte 172.

Ouvrages
CARTUYVELS, S., Parc du Cinquantenaire. Histoire du parc, étude inédite réalisée pour la Fondation Roi Baudouin, 2003, p. 77.
DELTOUR-LEVIE, C., HANOSSET, Y., Le Cinquantenaire et son site, coll. Bruxelles, Ville d’Art et d’Histoire, 1, Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Service des Monuments et Sites, Bruxelles, 1993, pp. 46-47.
HENNAUT, E. (dir.), Parc du Cinquantenaire, le complexe architectural dans ses relations avec le parc, étude réalisée pour la Fondation Roi Baudouin, Archives d’Architecture moderne, 2003, pp. 116-119.
Islamic and cultural center in Brussels / Centre islamique et culturel à Bruxelles, Bruxelles, impr. Weissenbruch sa, [1976].
Le Cinquantenaire, chronique d’un parc, 1880-1980, Fondation Roi Baudouin, Bruxelles, 1980.
LEROY, I., Le Panorama de la Bataille de Waterloo, Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles, Liège, 2009, pp. 47, 54, 56-57, 60-64.
PIRLOT, A.-M., CULOT, M., « L’Orient des architectes », Venus d’ailleurs, Région de Bruxelles-Capitale, Bruxelles, 2009, pp. 70-94.

Périodiques
Bruxelles Exposition 1897
, organe officiel de l’Exposition internationale, Rossel, Bruxelles, 1897, pp. 85-89.
L’Émulation, 1898, pl. 30-32.

Sites internet
 http://balat.kikirpa.be (Dictionnaire des Peintres belges du XIVe siècle à nos jours, 1994, version électronique).